L'ANC fête son centenaire en grande pompe
6 janvier 2012C'est à Bloemfontein, ville située au centre du pays, qu'a été donné ce vendredi, le coup d'envoi des festivités du centenaire. C'est cette ville qui a vu naître le 8 janvier 1912 le South African Native National Congress qui prendra, en 1923, le nom d'African National Congress (ANC).
Qu'est-il devenu des aspirations de l'ANC ?
Pendant des décennies, l'ANC a été admiré par les masses sud-africaines, non seulement comme un mouvement de libération de l'oppression raciale mais aussi comme un parti politique qui allait promouvoir leur situation sociale et économique. 100 ans après la naissance du mouvement et après 18 années d'exercice du pouvoir, qu'est il advenu de ces aspirations ? Mewalall Ramgobin, un vétéran de la lutte de libération et ancien député de l'ANC :
« Pour nous, l'ANC, avec sa vision et son engagement en faveur de la libération, de l'unité et de la lutte contre le racisme, était et reste dans les circonstances actuelles, la seule organisation ou formation politique qui peut aboutir à tout cela en Afrique du Sud. Elle est la seule organisation qui peut apporter la protection et une paix durable dans notre pays. Donc, son rôle historique ne devrait pas être redéfini, mais doit être réaffirmé encore, encore et encore. »
Pour ce vétéran de 76 ans qui a passé 20 ans dans les geoles du régime de l'apartheid, l'ANC doit revenir aux idéaux chers à Nelson Mandela, Oliver Tambo, Govan Mbeki ou encore Walter Sisulu, les pionniers du parti :
« Si la direction de l'ANC ne réfléchit pas sur les faiblesses actuelles du mouvement, alors l'ANC va avoir des ennuis. C'est pour cela que je dis que la seule chose qui est permanente est le changement et si le changement ne va pas dans le bon sens et si l'ANC n'arrive pas à se démarquer de ses tares, de la situation actuelle en termes de redistribution des richesses, de lutte contre le chômage et contre la corruption, alors je pense que l'ANC va avoir des ennuis. »
Besoin de dirigeants intègres
Un avis que partage Zakele Ndlovu, analyste politique à l'université du KwaZulu-Natal à Durban : « Des gens de tout caractère ont infiltré l'organisation et je pense que cela a contribué au fait que l'ANC ne puisse pas répondre aux attentes des populations. Je pense que quelques personnes ont simplement perdu le sens de la moralité, le sens de ce qui est vrai et faux. Je pense que nous avons besoin de gens intègres, de gens du peuple et qui vont nous apporter ces valeur et non pas escroquer le peuple. »
Point d'orgue de ces festivités, un grand meeting est prévu dimanche en présence de quelque 100.000 partisans de l'ANC, mais sans l'ancien président Nelson Mandela, âgé aujourd'hui de 93 ans.
Ecoutez ci-dessous l'interview de Denis Kadima, directeur de l'Institut électoral sud-africain au micro de notre correspondante Valérie Hirsch.
Auteur : Subry Govender , Georges Ibrahim Tounkara
Edition : Carine Debrabandère