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Lambert Mende balaie une alerte de l'Unicef

Julien Adayé
14 mai 2018

L'Unicef s'alarme de la situation de milliers d'enfants du Kasaï qui seraient en "danger de mort". Mais pour le ministre porte-parole de la RDC Lambert Mende, cette alerte est exagérée. Or ce n'est pas la première fois.

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Angola flüchtchtlings Kinder aus Kongo
Image : UNICEF/N. Wieland

Lambert Mende : " nous sommes habitués à des tableaux qu’on noircit pour des raisons évidentes "

Trois agences des Nations unies, dont l'Unicef, ont tiré la sonnette d'alarme la semaine dernière sur la situation au Kasaï, en République démocratique du Congo. Cette région a atteint un niveau catastrophique qui pourrait conduire très rapidement à une famine. Les enfants sont, une nouvelle fois, les plus concernés par cette catastrophe annoncée. Mais les chiffres publiés divisent pouvoir et ONG. 

 

Angola flüchtchtlings Kinder aus Kongo
Image : UNICEF/N. Wieland

Risque de famine

Cela fait maintenant trois saisons de suite que plusieurs champs sont abandonnés et sans récoltes dans la région du Kasaï. A cause des violents conflits, les populations ont fui en masse, laissant derrière elles les moyens de leur subsistance.

Dans un pays où 90% de la population rurale dépend de l'agriculture, l'absence de cultures a conduit 770.000 enfants à se retrouver dans une situation de famine et 400.000 enfants sont en danger de morts, selon l'Unicef.

Des chiffres que conteste Lambert Mende, le porte-parole du gouvernement congolais qui a réagi dans une interview à la DW depuis la localité de Mboujimaye, dans la province du Kasaï central. "770.000 enfants qui souffriraient de famine, des enfants en tel nombre, ça serait un peu exagéré ", rétorque le ministre qui ajoute que son gouvernement est habitué " à des tableaux qu'on noircit pour des raisons évidentes."

Ce n'est pas la première fois. En avril, alors que l’ONU évoquait 4,5 millions de déplacés internes en RDC, Kinshasa a accusé les humanitaires de noircir le tableau et a avancé une estimation de 231.241 déplacés.

 

Angola Flüchtlingslager nahe Kakanda
Image : DW/N. Sul d'Angola

Des chiffres en dessous de la réalité ?

L'Unicef considère que 60% des miliciens de la région sont des enfants. Depuis le début du conflit, des écoles ont été attaquées, des centres de santé pillés et détruits. Aujourd'hui, les enfants ne reçoivent pas l'aide dont ils ont besoin, consatent pourtant les humanitaires. Un enfant sur dix souffre de malnutrition sévère dans les régions congolaises des Kasaï. Cela signifie que 400.000 enfants risquent de mourir de faim, avertit l'Unicef.

A l'inverse des affirmations de Lambert Mende, certains humanitaires locaux pensent que le chiffre des enfants menacés par la famine est sous-estimé car certaines zones restent inaccessibles.

Selon Mess Bolangue, responsable de communication de la fondation KAWEGE, "il est vrai que certains partenaires sont déjà intervenus, des fois dans une partie de la zone de santé de Kalenda. Mais il y a d'autres zones qui ne leur sont pas accessibles et là-bas, les enfants ne bénéficient pas de cette aide. La plus part des interventions avec médicaments sont beaucoup plus concentrées dans la province du Kasaï central. Et pourtant, dans les autres territoires dans la grande province de Kasaï, il y a ce même problème de sécurité alimentaire."

Sur une superficie de 95.631 km2 dans la région du Kasaï, ce sont environ 900.000 personnes qui sont par ailleurs toujours déplacées, selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations unies.

Dans cette partie de la RDC, les enfants n'auraient pas accès à l'éducation faute d'infrastructures. Ce qui préoccupe aussi les humanitaires dans la région.