L'Amérique pleure les morts de Tucson
10 janvier 2011Que se cache-t-il derrière le large sourire de ce jeune homme, Jared Lee Loughner, que l'on voit sur toutes les photos? Une réalité psychique trouble : originaire de Tucson, Loughner avait des antécédents judiciaires, il avait aussi raté son entrée dans l'armée, avait été renvoyé de son lycée qui avait exigé une expertise psychiatrique.
A-t-il agi seul? Pour le moment, la police a diffusé la photographie d'un témoin. D'après le FBI, il n'est probablement pas lié au tireur, mais se trouvait à proximité de Gabrielle Giffords au moment du drame. Les enquêteurs ont par ailleurs découvert chez le tireur un document montrant, d'après eux, qu'il avait prémédité son acte. Sur une enveloppe figurent en effet des inscriptions: « J'ai préparé », « Mon assassinat » et « Giffords ».
Mais au-delà de la personnalité trouble de Loughner, l'Amérique s'interroge sur le climat dans lequel se trouve le pays et notamment l'Arizona. Chose peu banale, le shérif local, Clarence Dupnik, a tout de suite dénoncé le climat de haine vis-à-vis des responsables politiques démocrates : « Si vous regardez comment certaines personnes fragiles répondent au vitriol qui sort de certaines bouches pour dénigrer le gouvernement. La colère, la haine, la bigoterie qui circulent dans ce pays sont de plus en plus scandaleuses. »
Le boomerang de la haine
La haine évoquée par le shérif, on la retrouve dans la réthorique du mouvement politique baptisé Tea Party, issu de l'aile ultra-conservatrice du Parti républicain. Son leader, une femme, Sarah Palin n'hésite pas à se produire fusil à la main à la télévision. Elle avait même diffusé sur Facebook, début 2010, une carte des Etats-unis sur laquelle 20 circonscriptions démocrates étaient signalées par un viseur. Celle de Gabrielle Giffords en faisait partie.
La député démocrate s'était d'ailleurs plainte de la rhétorique haineuse dans les courriers électroniques qu'elle recevait. Cette tragédie servira-t-elle d'électrochoc? Pour certains analystes, Sarah Palin fait désormais figure d'irresponsable et elle aura du mal à s'en relever. Dans le camp républicain, par contre, le mobile politique ne convainc pas tout à fait. Mais même dans ce camp, certains responsables demandent que l'on « calme le jeu ».
Auteur : Elisabeth Cadot
Edition : Jean-Michel Bos