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L'Allemagne sous le choc d'une agression xénophobe

Yann Durand22 mai 2006

Giyasettin Sayan, député régional allemand d’origine kurde du Parti de Gauche, est hospitalisé depuis vendredi à la suite d’une agression xénophobe. « Sale étranger sale turc, nous t’aurons ! », ce sont les paroles qu’ont proféré deux inconnus avant de le frapper avec une bouteille et de prendre la fuite. Une affaire qui semble donner raison au social démocrate Uwe-Karsten Heye, une semaine après son avertissement controversé, conseillant aux étrangers d’éviter certains endroits. D’autant qu’à trois semaines du mondial les chiffres attestent d’une croissance du néonazisme en Allemagne, où la presse ce matin aborde, en partie du moins, largement le sujet.

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Giyasettin Sayan en avril dernier se rend au procès d'un accusé pour crime d'honneur
Giyasettin Sayan en avril dernier se rend au procès d'un accusé pour crime d'honneurImage : PA/dpa

Car il faut noter d’abord que ni le quotidien Die Welt, ni la Frankfurter Allgemeine Zeitung, tous deux de tendance conservatrice, n’ont jugé bon de commenter les faits dans leur édition ce lundi.

"La Police et les politiques ont pour l’instant réagi timidement à la violence", constate en revanche la Süddeutsche Zeitung. Ils ne veulent pas s’engager dans une histoire inventée de toute part comme à Sebnitz, et parfois il est difficile de déterminer où se situe la responsabilité. Mais le rapport officiel que présentera le ministre de l’intérieur aujourd’hui le montre également : La violence de droite demeure un problème pressant en Allemagne et les avertissements de Uwe Karsten Heye concernant les secteurs à éviter pour les étrangers ne sont pas sans fondement.

La Frankfurter Rundschau abonde dans ce sens : Le résultat choquant du rapport des services de renseignement devait, du moins dans la tendance, être connu de ceux-là même qui ont tenté de stigmatiser monsieur Heye comme traître, avance le journal, qui y voit en outre le refus de se confronter à certaines questions : Pourquoi cette société accepte-t-elle qu’une xénophobie meurtrière fleurisse en son sein ? Pourquoi les victimes potentielles se sentent-t-elles plus marginalisées que les agresseurs ? Et les politiciens ne favorisent-ils pas cela, en décrivant la volonté d’intégration, exclusivement comme une dette à la charge des immigrants ?

Quant à la Tageszeitung de Berlin, elle consacre tout un dossier sur le mondial et les Néonazis. Sous le titre : "la zone interdite s’étend" sont placées la photo d’un écusson du NPD où l’on peut lire « Allemagne ma Patrie » et celle de Giyasettin Sayan sur son lit d’hôpital. Dans une interview du correspondant britannique du Guardian, ce dernier affirme que l’affaire est une honte pour l’Allemagne qui aspire à une autre image à l’orée d’une coupe du monde dont le slogan est « le rendez-vous de l’amitié ». Et dans une analyse fouillée on apprend de la TAZ qu’au sein même du Linkspartei, le parti néocommuniste auquel adhère Sayan, certains sous couvert de l’anonymat, doute de la version du politicien d’origine kurde. Supputant qu’il cherche ainsi à se remettre sur les rails, sa candidature pour une nomination interne à la chambre des députés en septembre prochain n’ayant, de notoriété publique, aucune chance.