L'Allemagne et les réformes (suite)
27 juin 2006Dans le débat sur la transformation du système de santé, on en est à couper les cheveux en quatre, critique die Welt. La chose devient grave lorsque des membres de haut rang de la CDU avouent, hors micro, ne plus comprendre de quoi il s’agit. Les hommes politiques deviennent alors des pantins de l’appareil qu’ils sont censés maîtriser.
Cela fait maintenant 10 ans qu’une vague de réformite aiguë balaie la vie politique allemande, relève la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Pourtant, dix ans plus tard, personne n’est encore capable d’indiquer le chemin parcouru, ni le moment où l’on atteindra le but. La seule chose certaine, c’est que les trois jalons essentiels, à savoir la réduction de la dette, la diminution de moitié du nombre des chômeurs et l’équilibre du financement des systèmes de protection sociale, ne sont toujours pas posés.
La Tageszeitung, sous le titre « Bon rétablissement », critique la rhétorique dépassée de la coalition. Alors que la société et les médias manifestent un désintérêt croissant envers cette discussion vide de tout contenu, la classe politique ne cesse de ressasser les mêmes phrases creuses, comme un disque rayé.
La Frankfurter Rundschau souligne que, dans la réforme du système de santé, la grande coalition doit l’emporter sur les lobbyistes de tout bord. Angela Merkel et Franz Müntefering ne doivent pas se défiler et refuser de remplir cette mission. En cas d’échec, la montagne coalitionnaire accoucherait alors d’une demi réforme qui coûterait deux fois plus cher.
Pour la Süddeutsche Zeitung enfin, la réforme du fédéralisme, la plus importante modification constitutionnelle de l’Allemagne, n’est plus qu’une farce parlementaire où, en ignorant superbement les conseils des experts, il s’agit plus de démontrer la capacité d’action de la coalition que d’obtenir des résultats concrets. Ici, on répète les mêmes erreurs que pour « Hartz IV », la réforme de l’assurance-chômage : l’essentiel c’est de réformer, on verra ensuite pour corriger les erreurs, conclut le quotidien.