L'Allemagne, encore "terre d'accueil" ?
29 mars 2007La très conservatrice Die Welt salue la « modernité » des nouvelles lois sur l’immigration. Pour le journal, elles expriment clairement qu’il en est fini du « dédain envers l’Allemagne » devenu « chose courante chez de nombreux immigrés ». Apprendre l’allemand, maintenir la tête hors de l’eau par ses propres moyens sans compter sur les prestations sociales, assurer à ses enfants une réussite scolaire : voilà ce qu’exige désormais l’Etat. Selon le journal, c’est à cette seule condition que l’on pourra à nouveau considérer l’immigration comme quelque chose de positif.
Beaucoup moins d’enthousiasme dans la Berliner Zeitung : en durcissant sa législation, la grande coalition dit définitivement adieu à une « Allemagne terre d’immigration ». La République fédérale, rappelle le journal, n’est pourtant pas envahie par un flot d’immigrants ou de réfugiés. En 2005, le pays n’a accueilli que 55.000 personnes de plus qu’il n’en a laissé partir.
La Süddeutsche Zeitung ajoute que l’année dernière, le nombre de demandeurs d’asile n’a été que de 30.000, contre 400.000 il y a 15 ou 20 ans. Le quotidien munichois relève par ailleurs un aspect discriminatoire de la future législation : pour épouser un(e) Allemand(e), le/la candidat(e) devra prouver qu’il maîtrise un minimum la langue de Goethe. Or les ressortissants américains, canadiens ou japonais sont exemptés de cette obligation, contrairement aux Turcs par exemple.
Encore plus remontée, la tageszeitung s’en prend au ministre de l’Intérieur, Wolfgang Schäuble. En nommant son train de réformes « loi pour une meilleure intégration », le conservateur montre qu’il maîtrise à merveille le langage plus que politiquement correct introduit à Berlin par les Verts. Mais derrière les belles paroles se cachent des manœuvres de bas étage, dénonce la taz. En mettant des barrières à la naturalisation et au regroupement familial, Schäuble décourage les immigrés prêts à s’intégrer.
A noter l’absence de commentaire dans la Frankfurter Allgemeine Zeitung, qui préfère ouvrir ses colonnes à Wolfgang Schäuble et Franco Frattini, le commissaire européen à la Justice. Interview dans laquelle il est question de la stratégie de l’Europe pour endiguer le flot d’immigrants clandestins…