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L'Allemagne divisée sur la politique d'immigration

Sandrine Blanchard22 avril 2015

Les députés du Bundestag, la chambre basse du parlement allemand, se sont réunis mercredi pour discuter réponses à apporter à l'immigration clandestine. Les différents partis n'ont pas les mêmes points de vue.

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Un enfant réfugié dans un foyer d'accueil d'urgence pour demandeurs d'asile, à Neustadt
Image : picture-alliance/dpa/D. Ebener

La chancelière Angela Merkel s'était dite « bouleversée » en début de semaine, suite aux naufrages à répétition en Méditerranée. A la veille d'une réunion des chefs d'Etat et de gouvernement européens sur le « plan en dix points » que devrait adopter l'Union européenne, les partis politiques allemands ont des positions divergentes sur la question.

Sauver, poursuivre, combattre le mal à la racine

La proposition d'Angela Merkel se résume en trois axes : « sauver les victimes, poursuivre en justice les passeurs et combattre les causes de l'émigration clandestine ». La chancelière recommande aussi d'entamer un dialogue avec les Etats nord-africains, qui sont souvent des pays de transit.

Thomas de Maizière, le ministre allemand de l'Intérieur, veut démanteler les réseaux de passeurs. Le ministre, membre de la CDU comme Angela Merkel, salue le doublement des moyens prévu pour les opérations « Triton » et « Poseidon » en mer.

Thomas de Maizière, ministre de l'Intérieur, favorable à l'opération "Triton"
Thomas de Maizière, ministre de l'Intérieur, favorable à l'opération "Triton"Image : picture-alliance/dpa/J. Warnand

Déposer les dossiers dans les pays d'origine?

Christoph Strässer, membre du SPD en charge des droits de l'Homme au sein du gouvernement, suggère que les candidats à l'émigration puissent déposer leur demande d'asile dans les représentations diplomatiques européennes dès leur pays d'origine. Ce qui leur éviterait les dangers de la clandestinité. Une idée qui ne fait pas recette chez les chrétiens-démocrates du gouvernement.

La coresponsabilité de l'Europe

Du côté de l'opposition, les écologistes et la gauche allemande ne sont pas hostiles à l'idée. Mais ils critiquent les programmes européens « Triton » et « Poseidon » qui n'ont pas les mêmes visées humanitaires que l'opération « Mare Nostrum » qu'ils ont remplacée.

Un point de vue partagé par l'ONG Pro Asyl qui vient en aide aux demandeurs d'asile. Karl Kopp, chargé des questions européennes chez Pro Asyl, a déclaré chez nos confrères du Deutschlandfunk :

« Qu'est-ce qui est positif? Qu'il y ait de plus grandes capacités allouées au sauvetage en mer. Qu'est-ce qui est négatif ? Frontex n'est pas une agence de sauvetage en mer, c'est une agence de protection des frontières. Sinon, l'une des priorités affichées est de lutter contre les passeurs, comme toujours, mais les passeurs ne sont que le revers de la médaille de la politique défensive menée par l'Europe. Sans ces forteresses européennes, il n'y aurait pas d'industrie des passeurs. Nous voulons des voies légales et sans danger pour les migrants.

Deutschland Erste Anlaufstelle für Flüchtlinge in Berlin
Où les demandes d'asile doivent-elles être examinées?Image : picture-alliance/dpa/B. Pedersen

Et le plan européen en dix points ne parle quasiment pas de ce qu'il faut faire pour assurer aux réfugiés syriens, irakiens, érythréens qu'ils pourront gagner l'Europe sans danger.»

Quant aux collectivités locales, elles réclament une aide financière plus importante des autorités fédérales pour l'accueil des réfugiés. A elle seule, Berlin aurait dépensé 280 millions d'euros l'année dernière, tendance à la hausse en 2015. Un sommet réunissant des représentants des régions et du gouvernement fédéral est prévu le 8 mai dans la capitale.

Pour éviter l'afflux de réfugiés, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, préconise quant à lui que les demandes d'asile soient traitées avant le départ, depuis les pays du Maghreb. En revanche, il est contre l'établissement de camps de réfugiés en Libye, jugée trop instable.

Bonus audio : écoutez l'analyse de Djallil Lounas, Professeur en relations internationales à l’Université Al Akhwayn à Ifran, au Maroc.