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L'Afrique dans la presse allemande

Christophe LASCOMBES3 septembre 2004

La presse allemande de cette semaine se consacre en premier lieu au conflit dans le Darfour et la Süddeutsche Zeitung consacre un très long article à ce qu’elle appelle « tromperie dans le désert ».

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Avec plus d'1 million de déplacés, la crise du Darfour mobilise les consciences
Avec plus d'1 million de déplacés, la crise du Darfour mobilise les consciencesImage : AP

Et le journal d’expliquer : le délai imposé au gouvernement soudanais pour désarmer les Janjaweed, ces nomades arabes armés par Khartoum pour mater la rébellion et qui ont le privilège de piller les régions qu’ils placent sous leur contrôle, ce délai est écoulé et Khartoum a promis de présenter au monde des forces de sécurité supplémentaires. Or, tous les indices parlent en faveur d’une immense tromperie : les nomades enfileraient des uniformes gouvernementaux et pourraient désormais être présentés aux observateurs des Nations Unies comme ces fameuses nouvelles troupes de sécurité exigées par la communauté internationale. Le pire n’étant pas, ajoute le journal, que les Nations Unies, ne remarquent pas la supercherie, mais bien qu’elles n’aient pratiquement aucun moyen de s’y opposer. Les plus de 1 million de civils déplacés peuvent donc continuerà craindre que leurs agresseurs poursuivent leurs razzias sous couvert de les protéger.

Die Welt de son côté interroge Denis Tull, spécialiste de l’Afrique à la Fondation Science et Poliltique. Pour lui, la crainte des USA et de l’ONU que Khartoum revienne sur sa volonté de coopoération si les pressions augmentent est illusoire car le gouvernement soudanais n’a jamais réagi autrement que sous la pression. Quant aux chances de succès d’une solution africaine, à l’instar de celle proposée par Alusegun Obasanjo, Président de l’Union africaine et adversaire de sanctions contre Khartoum, la réponse de Denis Tull est claire : la mission de paix envisagée et ses 2000 hommes ne pourront pas être mis en place pour imposer des sanctions internationales punitives contre le Soudan car l’Union Africaine tient à préserver la souveraineté de ses membres. La Taz, de Berlin présente une paix réussie au Soudan à l’exemple des Monts Nuba, l’un des territoires du Sud-Soudan victimes des combats les plus acharnés avant 2002, année de la signature du traité de paix concernant cette région. Depuis, gouvernement et rebelles du SPLA collaborent sous l’égide d’observateurs internationaux. Un modèle pour le Darfour ? interroge le journal qui conclut que ce résultat, et cela est confirmé par tous les participants, est possible uniquement grâce à la volonté commune des deux parties en conflit.

Autre sujet africain traité par la presse allemande : la fameuse tentative de putsch manquée en Guinée équatoriale, tentative à laquelle aurait participé le fils de Margaret Thatcher. Pour le Spiegel, la découverte dans les années 90 des immenses gisements de pétrole qui imbibent le sous-sol, a transformé cette ancienne colonie espagnole pour en faire le quatrième plus important producteur de pétrole du continent africain. Le président Objang, au pouvoir depuis 1979 et protégé par une garde prétorienne marocaine forte de 200 hommes, soupçonne tous les trois ou quatre ans un complot contre sa personne. Cette fois-ci, l’histoire tourne au grotesque, explique l'hebdomadaire. D’abord, arrestation d’un groupe hétéroclite de soi-disant comploteurs, dont un Allemand employé d’une société d’Offenbach, dans les environs de Francfort/Main, qui est mort dans la très redoutée prison de Black-Beach, vraisemblablement des suites de la torture. Ensuite, arrestation d’un groupe d’anciens mercenaires, au Zimbabwe cette fois, une troupe présentée comme celle chargée d’assassiner le président Objang. Parmi eux, le fondateur d’une agence de mercenaires, ami du fils de la Dame de Fer qui aurait, lui, co-financé l’achat d’armes pour le putsch. D’où le scandale international. Vendredi dernier, rapporte le Spiegel, les juges de Harare ont certes déclaré l’ex-mercenaire coupable de l’achat d’armes britanniques, mais ils ont par contre relaxé les 60 soldats de fortune, les accusant seulement d’être entrés illégalement dans le pays. La fin de cette comédie politique n’est donc pas terminée, conclut le journal:

Terminons avec le portrait d’Hicham El Guerrouj, deux fois vainqueur olympique aux jeux Olympiques d’Athènes. Pour la Süddeutsche Zeitung, il incarne véritablement cette philosophie sportive qui dit que les médailles à elles seules ne suffisent pas pour témoigner de la grandeur d’un athlète. Pour le journal, l’athlète marocain a clairement démontré qu’un champion devait avoir peur. Et que c’était cette victoire sur sa propre peur, après sa traversée de huit ans du désert olympique, qui donnait toute sa valeur à sa victoire. C’est parce que Hicham El Guerrouj a su assumer ses faiblesses, dominer sa peur de perdre qu’il a réussi à vaincre, incarnant en cela le fameux vers du Cid, de Corneille : à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire. En cela, il est vraiment le roi incontesté de l’athlétisme, conclut le journal.