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L'affaire Kurnaz peut faire des vagues

Yann Durand19 octobre 2006

Le gouvernement allemand a reconnu hier qu’un soldat de la Bundeswehr avait eu un contact ‘verbal’ avec le 'taliban de Brême'. L’état-major de la Bundeswehr aurait été informé alors que la direction politique n’a jamais été mise au courant selon le ministère de la défense. Murat Kurnaz accuse lui des soldats allemands d’une unité d’élite de l’avoir maltraité dans un camp américain en Afghanistan. L’enquête interne n’a certes toujours pas pu étayer ses dires ; néanmoins l’image du gouvernement et de l’armée allemande pourrait en souffrir. C’est en substance le credo de la presse allemande aujourd’hui.

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Le 'Taliban de Brême', Murat Kurnaz
Le 'Taliban de Brême', Murat KurnazImage : AP/Radio Bremen TV

La Frankfurter Allgemeine Zeitung relève qu’au regard de l’exposition en Allemagne dont a fait l’objet le cas Kurnaz déjà durant sa détention, il eut été préférable que la Bundeswehr commence ses investigations avant d’avoir à réagir à une plainte. Par sa politique d’information défensive, le gouvernement donne sans cesse l’impression de vouloir dissimuler.

Il faut éclaircir si des dossiers comme celui de Kurnaz ou de Khaled el Masri impliquant la CIA, ont été traité correctement à l’échelle politique, exige la Süddeutsche Zeitung. En l’occurrence, plusieurs signes dénotent la volonté du SPD de faire porter le chapeau à son ancien ministre de la défense, Rudolf Scharping, pour quelque raison que ce soit. Mais, prévient le journal, la commission d’enquête ne doit en aucun cas siéger en secret pour faire obstacle à une mise au jour publique de cette affaire.

Pour les soldats d’élite, soupçonnés d’avoir torturé en Afghanistan, vaut d’abord la présomption d’innocence, comme pour tout autre citoyen. Selon le quotidien Die Welt, les accusations du germano-turc Murat Kurnaz sont lourdes mais aucun interrogatoire n’a apporté de preuve dans cette affaire. Or, observe le journal, il en complique lui-même l’élucidation en refusant de coopérer avec le ministère de la défense, car ce dernier, selon lui, a couvert ses soldats.

Les contacts n’ont pas été corporels mais seulement verbaux. Ainsi des propos du secrétaire d’état à la défense que cite la Franfurter Rundschau avant d’ironiser : Il n’y a donc pas eu de poignée de main avec le détenu pour violation des droits de l’homme et des peuples ? Plus sérieusement le quotidien se demande ce que signifie ‘verbal’ dans un tel contexte et surtout qui, à l’époque de la coalition Rouge verte, était informé de cette prise de contact douteuse avec Kurnaz le prisonnier retenu officieusement.

Il existe de bonnes raisons de tenir la guerre en Afghanistan et l’envoi ultérieur de commandos allemands pour une grave erreur, avance la Tageszeitung de Berlin. Cependant il s’agissait d’une décision politique et non militaire. S’il est indiqué de garder le secret sur certains détails des missions pour protéger les forces engagées, cela ne vaut pas en revanche pour les infractions à la loi. Or, conclut le journal, les soldats ne sont pas au-dessus, pas même ceux d’élite.