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L'affaire Erika Steinbach se poursuit

6 janvier 2010

Erika Steinbach, c’est une députée conservatrice, et c’est surtout la présidente de la Fédération allemande des expulsés.

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Erika Steinbach lutte depuis des mois pour l'obtention d'un siège au conseil d'administration du futur musée dédié aux expulsés.Image : AP

Erika Steinbach défend les intérêts des populations germanophones d'Europe de l'Est déplacées après la Seconde Guerre Mondiale. Il s'agit d'une personnalité controversée, peu aimée des Polonais car elle ne reconnaît pas le tracé de la frontière entre l'Allemagne et la Pologne décidé en 1945. Après de longs mois de bataille, elle a annoncé hier renoncer à son ambition de siéger dans le conseil d'administration d'un futur musée dédié aux expulsés. Mais elle pose des conditions difficiles à accepter pour le gouvernement allemand, qui devrait alors abandonner son influence sur la direction du musée.


Guido Westerwelle
Peu de temps après sa prise de fonctions en tant que ministre des affaires étrangères, Guido Westerwelle, avait assuré à la Pologne qu'il s'opposait à la candidature d'Erika Steinbach à un siège au sein de la Fondation du mémorial aux expulsés.Image : picture alliance / dpa

La balle passe d'un camp à l'autre, écrit die Welt. D'abord le nouveau ministre des affaires étrangères Guido Westerwelle déclare à Varsovie qu'il n'acceptera pas la présence d'Erika Steinbach dans la Fondation chargée de la gestion du musée consacré aux expulsés. Erika Steinbach vient de relancer la balle. Elle dit qu'elle peut s'imaginer renoncer à un siège au sein de cette Fondation, mais à certaines conditions : que davantage de membres de la Fédération des expulsés fassent partie de cet organe et qu'ils soient nommés sans droit de regard du gouvernement.

Pour la Frankfurter Rundschau, Erika Steinbach aurait pu faire un geste noble en réaction aux réserves des Polonais quant à sa personne. La députée chrétienne-démocrate aurait ainsi prouvé que la création d'un mémorial aux expulsés et l'objectif de la réconciliation étaient importants pour elle. Plus que sa propre carrière. Mais cette chance, Erika Steinbach l'a laissée passer.

Die historische Altstadt Danzigs
La ville allemande de Danzig est devenue Gdansk et est passée en territoire polonais en 1945, suite à la modification de la frontière germano-polonaise a la fin de la Seconde Guerre mondiale.Image : picture alliance / united archives

Erika Steinbach juge que c'est un scandale qu'un gouvernement conservateur-libéral lui refuse un siège au sein du conseil d'administration du musée, écrit la Tageszeitung. Le ministre des Affaires étrangères estime que ce ne serait pas une bonne idée, car la Pologne verrait cela comme une provocation. La proposition de la députée fonctionne selon le principe : si je n'obtiens pas ce que je veux, alors je demande encore plus. Son objectif est de transformer un projet national de souvenir en une initiative privée de la Fédération des expulsés. Et de prendre en otage la politique de l'Allemagne envers les pays de l'Est.

Guido Westerwelle respecte comme il se doit la perception polonaise de l'Histoire, estime la Neue Osnabrücker Zeitung. Quand on ne reconnaît pas la frontière germano-polonaise et qu'on a lutté contre l'adhésion de la Pologne à l'Union Européenne comme l'a fait Erika Steinbach, alors on n'a pas la légitimation morale pour siéger au sein de la principale commission d'un mémorial de la réconciliation. Si le gouvernement allemand cède au chantage d'Erika Steinbach, alors il perdra le respect des pays voisins.

Auteur : Aude Gensbittel

Rédaction : Konstanze Von Kotze