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L'A380 se fait attendre

Aude Gensbittel5 octobre 2006

Les journaux allemands consacrent aujourd’hui plusieurs commentaires aux retards de livraison de l'A380, l'avion géant d'Airbus. Pour compenser les coûts engendrés, le constructeur prévoit une restructuration qui pourraient supprimer de nombreux emplois. L’affaire met en danger la réussite du projet européen, mais risque aussi de semer la discorde entre la France et l’Allemagne. Berlin s’inquiète de l'avenir du site de production d'Airbus à Hambourg, dans l’hypothèse d'un transfert de l'ensemble de la production de l'A380 vers Toulouse.

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Assemblage de l'A380 à Toulouse, en France
Assemblage de l'A380 à Toulouse, en FranceImage : AP

Airbus vit en ce moment un véritable désastre, écrit die Welt. Les retards de livraison de l‘A380 coûtent au consortium européen plusieurs milliards d’euros. Pire encore, à cause d’une mauvaise gestion et de sa propre arrogance, le leader de l’aéronautique civile est devenu en l’espace de quelques mois la risée de la branche entière. Les clients sont fâchés, le public est déstabilisé, la réputation d’Airbus entachée. Toutefois, il n’y a pas raison de mettre en doute la navigabilité ou la rentabilité du nouvel avion. Jusqu’à présent, aucun des clients n’a annulé sa commande d’A380. Au lieu de cela, ils spéculent sur de hauts dédommagements et prennent leur mal en patience jusqu’à la livraison. Car les compagnies aériennes savent bien que des grands projets aussi complexes peuvent prendre du retard. C’était le cas de Boeing avec le jumbojet 747, les problèmes de départ du projet avaient mené le groupe américain au bord de la ruine.

La Frankfurter Rundschau rappelle de son côté qu’EADS est l’entreprise européenne modèle en matière d’ambitions internationales, et que sa filiale Airbus est aussi un symbole de coopération, voire même d’amitié franco-allemande. Plusieurs élus allemands, poursuit le journal, exigent à présent du gouvernement de montrer de la fermeté et de faire comprendre à Paris – surtout entre amis – ce qui se fait et ce qui ne se fait pas. Mais de réelles mesures de la part de Berlin restent improbables. Car à la différence de ce qui se passe en France, en Allemagne l’interventionnisme est très mal vu. Un point de vue tout à fait acceptable, tant que tous s’y tiennent au sein d’un projet de coopération.

Enfin pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung, il est normal que la France, l’Allemagne, l’Espagne et la Grande-Bretagne exigent une répartition équitable des emplois, ou de leur suppression. Après tout le succès d’Airbus n’aurait pas été possible sans les subventions des pays engagés. Mais les exigences nationales ne doivent pas empêcher le redressement d’Airbus, cela ne servirait personne, et surtout pas les employés qui craignent de perdre leur travail. A quel endroit faire des économies et quels sont les sites de production qui doivent être fusionnés, c’est une décision qui revient à l’entreprise.