La stratégie de George Bush en Iran
16 janvier 2007Washington n’a pas renoncé à imposer ses intérêts au Proche-Orient par la force, estime la tageszeitung. Au contraire : le renforcement des troupes américaines en Irak et le ton agressif employé à l’adresse de l’Iran et de la Syrie montrent que les Etats-Unis sont déterminés à poursuivre sur cette voie calamiteuse.
Même son de cloche chez la Frankfurter Rundschau. Des passages centraux du dernier discours de George Bush peuvent être interprétés comme des déclarations de guerre voilées contre les voisins de l’Irak. Washington fabrique des raisons, qui contiennent autant de vérité que celles présentées il y a quatre ans pour vendre la guerre contre la dictature de Saddam Hussein comme une nécessité. Il est temps, estime le journal, que les Européens, qui se sont donnés du mal pour faire renoncer Téhéran à son programme nucléaire, passent à l’action. De par sa position actuelle, le gouvernement allemand a la force, l’occasion et de ce fait le devoir de dompter les faucons américains.
Berlin, explique justement le Handelsblatt, a exprimé clairement son souhait d’inclure la Syrie dans les efforts de paix au Proche-Orient. Le gouvernement d’Angela Merkel est également prêt à durcir les sanctions envers l’Iran. Mais il apparaît maintenant que les Etats-Unis veulent aller bien au-delà. Il y a certainement de bonnes raisons de passer à la loupe l’influence des Iraniens en Irak, admet le journal : le pays déstabilisé entre le Tigre et l’Euphrate est devenu le champ de bataille des puissances régionales. Mais les menaces américaines n’ont aucun sens, si ce n’est d’être une manœuvre de Bush pour faire oublier l’échec de sa stratégie de pacification de l’Irak.
Pour le Tagesspiegel, on ne peut comprendre la politique de l’administration Bush qu’en tenant compte de certains principes néoconservateurs du temps de la Guerre froide. Aujourd’hui comme hier, les néoconservateurs, mais également les faucons de gauche, estiment que la tendance exagérée des démocraties occidentales à l’autocritique les affaiblit dans leur lutte contre le totalitarisme. Les démonstrations de force des Américains sont dont une tentative de revenir dans l’offensive politique et de faire comprendre à la Syrie et à l’Iran qu’il ne vaut mieux pas compter sur les faiblesses de Washington.