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La rumeur d'une candidature de Kabila affole la RDC

9 mai 2018

La nouvelle démentie par le pouvoir se propage rapidement sur Internet depuis quelques jours. L'opposition et la société civile ne cachent par leur méfiance.

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Symbolbild Afrika Computer
Image : Imago/R. Holz

"Après les élections le président, aura une vie'"(André-Alain Atundu, porte-parole de la majorité présidentielle)

Une rumeur devenue quasi virale s'est répandue sur les réseaux sociaux congolais le week-end dernier. L'actuel président congolais Joseph Kabila pourrait se représenter et briguer un troisième mandat ! Une nouvelle relayée qui a suscité beaucoup de réactions. Du côté de la présidence de la République, elle a toute suite été démentie dans la presse tant nationale qu'internationale. Mais opposition et société civile disent leur méfiance.

Tout semble en fait être parti d'une conférence organisée le 24 avril dernier à Kinshasa dans la capitale congolaise ayant pour thème "La possible éligibilité du président de la République Joseph Kabila pour un mandat au regard de la constitution de 2016 telle que révisée à ce jour". Une conférence organisée au Centre d'études pour l'action sociale et ayant pour principal orateur Jean-Cyrus Mirindi Batumike Nkuba, assistant à l'université de Kinshasa et chercheur congolais en droit public. 

Cette conférence, dont certains extraits ont été relayés sur les réseaux sociaux, a fait déborder le vase de la rumeur démentie par la majorité présidentielle et son porte-parole, André-Alain Atundu. "Le président de la République a fait une déclaration officielle devant le congrès", dit-il. Vous pensez qu'après les élections Mr Kabila n'aura plus de vie ? Il aura une vie, il sera même l'autorité morale de la majorité. Si tant est que la majorité garde son statut. Le secret est tellement bien gardé que cela déstabilise les autres."

Kabila autorité morale

Demokratische Republik Kongo Wahlmaschine
Image : Getty Images/AFP/J. Wessels

Un secret bien gardé qui ne semble pas convaincre la grande majorité des Congolais. Jean Claude Mputu est professeur et chercheur à la Cellule d'appui politologique Afrique Caraïbes de l'Université de Liège, en Belgique. Son analyse est sans appel : pour lui la majorité présidentielle n'en est pas à son premier coup d'essai. La rhétorique d'une vie après les élections pour Kabila n'est pas un scoop. "Mr Atundu a beau affirmer ce qu'il veut il n'en est pas à une déclaration près. Kabila a toujours été considéré comme l'autorité morale, il suffit de regarder les déclarations des hommes politiques de la majorité", assure-t-il. "De Kinkey en passant par Lambert Mende et les autres, Kabila est leur autorité morale."

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Et Jean Claude Mputu de continuer : "Ce n'est pas un secret. Admettons qu'il aille au-delà et que malgré tout des élections soient organisées sans fondement avec tout ce que cela comporte comme risque, avec le fait que le pouvoir évidemment remporte l'Assemblée nationale, le Sénat, les juridictions provinciales et le chef de l'Etat est élu. Je pense que c'est là que se trouve non seulement l'intérêt de l'opposition congolaise, de la société civile, mais aussi de la communauté internationale de regarder de plus près pour éviter un embrasement du Congo qui pourrait entraîner l'explosion de l'Afrique centrale voire de tout le continent."

"Vous verrez ce que ça va donner"

Kongo Protest & Ausschreitungen gegen Präsident Joseph Kabila in Kinshasa
Image : picture-alliance/AP Photo/J. Bompengo

Un embrasement du pays n'est pas encore d'actualité même si cette fois-ci, l'opposition congolaise semble déterminée à en découdre avec Joseph Kabila comme le prétend Martin Fayulu, membre de l'opposition et président du parti Engagement pour la citoyenneté et le développement (ECIDE). "Si Kabila ne tuait pas les gens, s'il n'utilisait pas les armes pour tuer les gens, aujourd'hui il serait parti. Le peuple congolais s'est réservé avec toute la pression de la communauté internationale sur l'opposition, sur les laïcs catholiques, et on s'est retiré en lui donnant une chance".

Martin Fayulu assure que Joseph Kabila "essaye avec l'appui de la cour constitutionnelle d'invoquer un troisième mandat". Il met en garde : "Vous verrez ce que ça va donner". 

Dialogue de sourds

En RDC, opposition et majorité présidentielle semblent s'enliser dans un dialogue de sourds depuis la fin du deuxième et dernier mandat de Joseph Kabila. A l'heure actuelle tous semblent s'être donnés rendez-vous au mois de juillet au moment du dépôt des candidatures pour les prochaines élections, fixées normalement au 23 décembre prochain. En attendant cette échéance, il n'est pas exclu qu'une nouvelle version de la rumeur d'une  éventuelle candidature de Kabila refasse surface.