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La politique kurde d'Ankara à l'épreuve du PKK

19 octobre 2011

Le gouvernement turc s'est engagé depuis plus de deux ans dans une politique visant à accorder davantage de droits à la minorité kurde. En parallèle, Ankara maintient la pression sur les séparatistes.

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Des partisans du PKK brandissent un portrait d'Abdullah Öcalan, en septembre 2009Image : AP

Il y a deux ans jour pour jour, le 19 octobre 2009, dans le sud-est de la Turquie, majoritairement peuplé de Kurdes, on célébrait un événement d'importance : un groupe de combattants du PKK, le Parti des travailleurs du Kurdistan, avait accepté pour la première fois de déposer les armes, à l'invitation du gouvernement.

L'amnistie promise à ces activistes était l'une des mesures phares de la nouvelle politique kurde d'Ankara. Ce matin-là, la réconciliation semblait à portée de main, après 25 années de guerre. Mais la journée n'était pas terminée que l'optimisme avait déjà disparu.

Flagge der linksnationalistischen Arbeiterpartei Kurdistans, PKK gleich Partia Karkaren Kurdistan
Le PKK s'est engagé dans la lutte en armée en 1984Image : AP

D'autres rebelles ayant passé la frontière depuis l'Irak avaient en effet défié le pouvoir turc en paradant dans la capitale régionale, Diyarbakir, en tenue de combat. Il s'agissait de partisans du DTP, le Parti de la société démocratique, qui allait être interdit quelques semaines après. Par la suite, aucun autre groupe de combattants n'a déposé les armes.

Des réformes, mais aussi des arrestations

Quelques mois avant ces événements, le président Abdullah Gül avait reconnu que le problème kurde était « le problème le plus important de la Turquie », et qu'il fallait le régler par des moyens politiques. Le gouvernement avait alors lancé une série de réformes au profit de la minorité kurde.

La langue kurde peut désormais être parlée partout librement, elle peut être utilisée dans les médias. La chaîne nationale turque propose d'ailleurs un programme en langue kurde. Sur le plan politique, l'Etat a entamé des discussions avec le chef emprisonné du PKK, Abdullah Öcalan, et on a même appris récemment qu'il avait négocié avec des commandants actifs du PKK.

Türkische Soldaten getötet
Les forces armées turques ont perdu plus de 50 hommes depuis le mois de juilletImage : picture alliance/dpa

Ces efforts ne signifient pas pour autant qu'Ankara relâche sa pression sur les séparatistes. Au cours des derniers mois, les autorités turques ont interpellé plusieurs milliers de personnes, dont des élus locaux, dans le cadre d'opérations visant le KCK, l’Union des communautés du Kurdistan, considéré comme un paravent du PKK. Et après chaque attaque du PKK, l'aviation turque réplique par des raids contre les camps rebelles dans le nord irakien.

Enfin, il est intéressant de noter que les attaques de ce mercredi surviennent le jour même où a été créée, au Parlement d'Ankara, une commission multipartite chargée d'élaborer la future nouvelle constitution. Une constitution qui - les Kurdes l'espèrent - les reconnaîtra enfin comme un peuple à part entière.

Auteurs : Susanne Güsten, Sébastien Martineau
Edition : Christophe Lascombes