La longue marche indépendantiste des Kurdes
26 septembre 2017
Combien sont ils? Les Kurdes seraient au nombre de 35 millions au total répartis entre plusieurs pays du Moyen-Orient tels que la Turquie, l'Iran, la Syrie et l'Irak. Les Kurdes ont certes des divisions internes liées aux appartenances claniques ou à l'idéologie politique. Mais une chose les unit: c'est leur fort sentiment nationaliste.
Leur voeu d'indépendance est vieux d'un siècle environ. Les Kurdes ont même un drapeau tricolore. Rouge-blanc-jaune avec le soleil au milieu. Mais jamais l'aspiration à un Etat n'a été complètement réalisée. Aujourd'hui, l'envie d'indépendance des Kurdes irakiens "est devenue irrépressible, explique Fehrad Seyder. Pour ce spécialiste des études kurdes, "les opinions sont surchauffées. Barsani n'a pas autre choix que d'ouvrir la voie à un référendum. Beaucoup de choses sont en jeu: sa propre crédibilité ainsi que celle de son parti et la demande du peuple."
Un référendum sans poids juridique
Massud Barsani, dont il est question, est le président de la région kurde d'Irak, autonome depuis 26 ans. Et il ne se fait aucune illusion. Barsani a indiqué qu'un Oui au référendum ne déboucherait pas automatiquement sur l'indépendance. Cela serait, dit-il, le point de départ de sérieuses négociations avec le pouvoir central irakien. D'autant plus que le résultat du référendum n'a aucun poids juridique.
À Bagdad, le pouvoir central brandit la menace d'une intervention militaire en cas de troubles. Une semaine avant le vote, la cour suprême avait aussi interdit la tenue du référendum.
L'enjeu pétrolier
En fait, Bagdad craint que les Kurdes n'entraînent dans leurs revendications certains territoires où il y a du pétrole. Or, avec ses divisions religieuses et ethniques internes, il n'est pas certain que Bagdad mette sa menace à exécution.
C'est ce que souligne Carina Schlüsing. Cette experte travaille pour un centre de consultation dans la gestion des conflits basé à Bonn et elle rentre d'un voyage dans le Nord irakien. "Le pouvoir de Bagdad est totalement dysfonctionnel" indique-t-elle avant de poursuivre "il n'est pas suffisamment stable pour prétendre être un pôle de contrôle du territoire."
Outre le régime de Bagdad, les Etats-Unis et l'Iran ont exprimé de sérieuses inquiétudes face au référendum. La Syrie et la Turquie qui se heurtent à la même revendication kurde désapprouvent le souhait d'indépendance. Dans la région, seul Israël est favorable aux efforts indépendantistes des Kurdes irakiens.