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La liberté de la presse renforcée en Allemagne

Aude Gensbittel28 février 2007

Les journaux allemands reviennent aujourd’hui sur l’affaire Cicero. Une affaire qui les concerne directement, étant donné qu’elle a trait à la liberté de la presse. La cour constitutionnelle de Karlsruhe, la plus haute instance juridique allemande, a hier jugée illégale la perquisition des locaux du magazine Cicero en septembre 2005. Une perquisition effectuée après la publication d’un article qui citait un rapport secret du BKA, la police criminelle allemande. Selon le tribunal, une telle action est illégale si elle a pour objectif unique ou principal de trouver l’identité d’un informateur. Le jugement vient donc protéger les journalistes et leurs sources.

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Les juges de la Cour constitutionnelle de Karlsruhe ont condamné hier la perquisition des locaux de Cicero.
Les juges de la Cour constitutionnelle de Karlsruhe ont condamné hier la perquisition des locaux de Cicero.Image : AP

Pour la Süddeutsche Zeitung, grâce aux juges de Karlsruhe, la liberté de la presse a été renforcée. Avec leur décision, la situation juridique de l’Allemagne est similaire à celle de la Suisse, où les journalistes qui ne veulent pas dévoiler leurs sources sont protégés contre les poursuites judiciaires. Les juges ont donc fait en sorte que le journalisme d’investigation ne puisse plus, comme c’était souvent le cas avant, être considéré de façon quasi systématique comme de l’incitation ou de la complicité de trahison de secret. Ce jugement n’est pas un privilège accordé aux journalistes, pour qu’ils puissent exercer leur métier de façon plus confortable, il s’agit d’une contribution au bon fonctionnement de la démocratie. Car une démocratie dans laquelle on peut étouffer les scandales n’est pas une bonne démocratie.

Même credo pour la Frankfurter Rundschau, qui estime que cette affaire ne devrait pas intéresser seulement le monde des médias, car la protection de la liberté de la presse est utile à tous. On ne le voit pas forcément dans la vie quotidienne, mais en général on ne se rend compte de la valeur des acquis de l’Etat de droit que lorsqu’ils ne fonctionnent plus. Les responsables de la politique et de l’économie savent que leurs actions peuvent être exposées à l’opinion publique. Et cela offre déjà une certaine protection contre les décisions arbitraires.

La cour constitutionnelle a augmenté la protection des informateurs de la presse et c’est une bonne chose, écrit la Tageszeitung. Mais il n’y a pas de sécurité absolue : en principe les journalistes peuvent toujours se rendre coupables de complicité dans la trahison de secrets. Pourtant empêcher formellement toute possibilité de poursuite irait trop loin. Car les dossiers officiels de l’Etat ne sont pas uniquement secrets pour camoufler des scandales ou laisser les citoyens dans l’ignorance. Souvent le caractère confidentiel de documents sert aussi à la protection de la vie privée, par exemple dans le cas de personnes sur lesquelles la police enquête. C’est pourquoi les avocats s’opposent à ce qu’on donne carte blanche à la presse, et particulièrement à la presse à scandale.