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La junte bissau-guinéenne fait machine arrière

22 avril 2012

Les putschistes sont revenus sur l'accord de transition signé jeudi avec les partis de l'ex-opposition après des menaces de sanctions de l'Onu. Le président désigné pour l'intérim a finalement refusé sa nomination.

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Image : picture-alliance/dpa

L'accord de transition, et en particulier la nomination d'un président intérimaire, n'était qu'une "proposition", a déclaré à l'AFP le porte-parole de la junte, le colonel Da Walna. Ce revirement coïncide avec la condamnation du coup d'Etat du 12 avril par le Conseil de sécurité de l'Onu. Samedi, le Conseil a réclamé le "rétablissement immédiat de l'ordre constitutionnel et le retour du gouvernement légitime" en Guinée-Bissau et menacé de "sanctions ciblées" les auteurs du putsch et leurs partisans.

Le porte-parole de la junte, Daba Da Walna
Le porte-parole de la junte, Daba Da WalnaImage : picture-alliance/dpa

Le même jour, le président guinéen Alpha Condé, médiateur de la crise bissau-guinéenne, a annulé un sommet prévu lundi à Conakry avec des chefs d'Etats de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) et de l'Union africaine. "Suite à la grave décision prise par la junte de nommer un président de la République, de mettre en place un Conseil national de transition et de prévoir une transition de deux ans, le médiateur a décidé de s'en remettre à la réunion d'Abidjan du 26 avril", a déclaré le ministre guinéen des Affaires étrangères, Edouard Nyankoï Lamah. Un sommet extraordinaire de la Cédéao est prévu à cette date dans la capitale économique ivoirienne.

Nhamadjo renonce à la présidence

Comme pour confirmer ce recul, Manuel Serifo Nhamadjo, le président désigné par la junte pour assurer l'intérim, a finalement annoncé qu'il refusait sa nomination. "Je suis un défenseur de la légalité et je ne reconnais aucune institution créée en dehors de la légalité", a-t-il déclaré. Éliminé au premier tour de l'élection présidentielle le 18 mars, le dissident du parti au pouvoir avait assuré vendredi ne pas avoir été consulté par les putschistes avant sa nomination, sans toutefois la contester explicitement. Il affirme désormais son intention de reprendre la présidence du Parlement, qu'il assurait de façon intérimaire jusqu'au putsch, afin de "trouver une solution pour un retour à l'ordre constitutionnel".

Manuel Serifo Nhamadjo devait diriger la transition
Manuel Serifo Nhamadjo devait diriger la transitionImage : picture-alliance/abaca

Appels à la libération de Gomes Junior et Pereira

Dans sa déclaration, le Conseil de sécurité de l'Onu a également réclamé la libération immédiate du président intérimaire Raimundo Pereira et du Premier ministre Carlos Gomes Junior. Interrogé à ce sujet, le porte-parole de la junte a laissé entendre qu'ils pourraient être relâchés "dans le courant de la semaine prochaine". Il faut, selon lui, que les conditions de sécurité soient réunies, afin qu'ils ne soient pas "victimes d'une vengeance privée ou de représailles".

Le putsch du 12 avril est survenu entre les deux tours de la présidentielle, dont Carlos Gomes Junior était le grand favori. Le 2ème tour était prévu le 29 avril, mais il devait être boycotté par l'opposition qui avait dénoncé des "fraudes massives" lors du premier scrutin. Le sommet de la Cédéao pourrait aborder la question d'une éventuelle "force de maintien de la paix" ou d'une "mission de stabilisation" réclamée par les pays lusophones afin de rétablir l'ordre constitutionnel dans ce pays qui souffre d'une instabilité chronique et qui est miné par le trafic de drogue international.

Auteur : Anne Le Touzé (avec AFP)
Edition : Mulay Abdel Aziz