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La guerre froide entre l'Ouganda et l'Ouest

Claire-Marie Kostmann7 mars 2014

Dans ce tour d'horizon des journaux allemands sont évoqués la récente loi sanctionnant l'homosexualité en Ouganda et le difficile travail de réconciliation de l'Allemagne avec son ancienne colonie, la Namibie.

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Un journal publie les noms de personnalités prétendument homosexuelles en Ouganda
Un journal publie les noms de personnalités prétendument homosexuelles en OugandaImage : picture alliance / AP Photo

La presse allemande se penche à nouveau cette semaine sur la loi condamnant l'homosexualité en Ouganda. Jusqu'en 2003, l'homosexualité était tolérée en Afrique, assure le Tagesspiegel. Mais l'ordination d'un prêtre homosexuel aux Etats-Unis a mis le feu aux poudres à l'intérieur de l'Eglise anglicane africaine. Elle s'est alors séparée des églises américaines et anglaises. C'est au Nigéria que le rejet a été le plus fort. Avant qu'une nouvelle marche ne soit gravie avec la loi ougandaise. Pourtant, l'homosexualité est présente dans les traditions africaines, souligne le journal. Au Kenya, il existe le mariage entre femmes dans plusieurs ethnies. Dans les sociétés musulmanes, comme à Zanzibar en Tanzanie, il y a une tolérance envers les gays et les lesbiennes.

La Berliner Zeitung voit désormais une sorte de guerre froide entre l'Ouganda et les pays occidentaux. Ces derniers, effrayés, ont annoncé qu'ils allaient réduire leur aide au développement. En réponse, le président Yoweri Museveni s'est tourné vers l'Est plutôt que vers l'Ouest. C'est-à-dire vers la Russie et son président Vladimir Poutine, qui a promulgué l'an dernier une loi condamnant la « propagande homosexuelle ».

Le président ougandais Yoweri Museveni
Le président ougandais Yoweri MuseveniImage : picture alliance/empics

La Süddeustche Zeitung rend hommage au premier homme politique ougandais à avoir critiqué cette loi, le leader de l'opposition Kizza Besigye. D'après lui, cette loi n'a pour seul but que de détourner l'attention des Ougandais des vrais problèmes du pays. « L'homosexualité n'est pas occidentale. Elle existait avant l'arrivée des Européens », a-t-il assuré, répondant à l'un des arguments les plus couramment utilisés par les anti-gays.

Une terre sans hommes en Centrafrique

« Au kilomètre 13 commence le No man's land », titre la Tageszeitung, publiant un reportage sur la Centrafrique.Cette terre sans hommes débute à la sortie de Bangui. La Croix Rouge récupère des cadavres tous les jours ici, malgré la présence de la Misca et des soldats français. Des jeunes anti-Balaka patrouillent armés de couteaux et de machettes. Des musulmans vivent dehors, dans des cabanes, dans la mosquée. Rien que dimanche, plusieurs d'entre eux ont été tués, écrit le journal. En suivant la route, on voit des villages abandonnés, des maisons et des magasins incendiés, les restes d'une mosquée. Les anti-Balaka se sont déchaînés ici.

Un milicien anti-Balaka en République centrafricaine
Un milicien anti-Balaka en République centrafricaineImage : Reuters

Toujours à propos de la Centrafrique, la Berliner Zeitung indique que l'Allemagne devrait aussi participer à l'envoi de renforts préconisé par l'Onu. Il ne s'agira pas d'une mission de combat, la ministre de la Défense l'a de nouveau exclu. Mais plutôt de l'envoi d'un avion-hôpital et d'une vingtaines d'officiers d'Etat-major à Bangui.

Procès d'Oscar Pistorius: le destin atypique de la juge Thokozile Masipa

Les journaux allemands évoquent aussi le procès de l'athlète Oscar Pistorius pour le meurtre de sa petite amie. Avec cet angle particulier: c'est une juge noire, à la carrière atypique, qui va décider du sort d'un Blanc, riche et célèbre, dans un pays marqué par l'apartheid. La Süddeutsche Zeitung dresse le portrait de Thokozile Masipa, 66 ans. Elle est née dans un township de Soweto, a travaillé dans le social puis le journalisme avant de devenir avocate et puis une des premières femmes noires nommée juge. Elle s'est fait connaître par des jugements très sévères contre des auteurs de violences faites aux femmes: comme le violeur en série Moyo, condamné à 252 années de prison. Le procès d'Oscar Pistorius se déroule sous l'œil des caméras mais il est aussi suivi de près par le gouvernement, à deux mois des élections générales. Pour Thokozile Masipa, ce procès est non seulement le plus spectaculaire de sa carrière mais aussi le plus délicat, conclut le quotidien de Münich.

L'histoire qui lie l'Allemagne à la Namibie, reste douloureuse, même 100 ans après. Cette semaine, l'hôpital universitaire de la Charité à Berlin a rendu les crânes et les os de 21 victimes Herero et Nama à la Namibie, écrit la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Ces ossements avaient été ramenés comme des milliers d'autres de la colonie allemande pour mener ce qui était appelé « des recherches sur la race ». Le PDG de l'hôpital s'est excusé « personnellement » en tant que scientifique.

En Namibie, les massacre des Herero et des Nama a causé la mort de 95 000 personnes
En Namibie, les massacre des Herero et des Nama a causé la mort de 95 000 personnesImage : picture alliance/akg-images

Mais le Tagesspiegel souligne que tout ne s'est pas si bien passé. Le gouvernement fédéral n'a invité ni des descendants de victimes du génocide, ni le public, par « crainte des protestations ». Le journal rappelle qu'en 2011, il y avait déjà eu un scandale lors d'une cérémonie, où des os avaient été rendus. Le secrétaire d'Etat de l'époque n'avait pas présenté d'excuses officielles. Ce qui est considéré comme le 1er génocide du 20ème siècle a fait environ 95 000 morts en Namibie. Il resterait encore 3000 ossements dans les musées allemands, comme autant de vestiges de l'histoire coloniale.

L'Allemagne cherche du gaz naturel en Afrique de l'Est

En l'Afrique de l'Est, l'Allemagne procède à des études sous-marines pour trouver du gaz naturel, en particulier le long des côtes de Tanzanie et du Mozambique. En effet, le navire de recherche « Sonne », ce qui veut dire « soleil » en allemand a mis le cap vers cette zone, rapporte la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Il est piloté par l'Institut fédéral des géosciences et des ressources naturelles, pour le compte du ministère allemand de l'Economie. Sa mission : pendant six semaines, il va explorer une zone qui pourrait être extrêmement riche en gaz naturel : en théorie les réserves représenteraient le triple des ressources de la Norvège, le 2ème producteur mondial ! De quoi fournir à Berlin des ressources à long terme. Mais cet eldorado n'est pas encore à portée de main pour la Tanzanie et le Mozambique. Ils n'ont, par exemple, pas réussi à s'accorder pour livrer à l'Asie du gaz naturel liquéfié. Les premières livraisons ne sont pas attendues avant encore une décennie.

Enfin, un peu de glamour et de paillettes! Grâce à la superbe Lupita Nyong'o, qui apparaît tout sourire dans la Süddeutsche Zeitung. Il y a de quoi : elle a remporté l'Oscar de la meilleure actrice pour un second rôle dans le film « Twelve years a slave » de Steeve McQueen. Elle y joue une esclave maltraitée dans une plantation en Amérique. On apprend que la jeune femme de 31 ans est née au Mexique d'un père kényan. Elle a grandi au Kenya et aux Etats-Unis, où elle a étudié le théâtre et le cinéma. En plus d'être belle et douée, elle est engagée. Elle a produit et réalisé un « projet de cœur », comme l'écrit le journal. Il s'agit d'un film consacré à la vie difficile de Kényans albinos, intitulé « Dans mes gènes ».

L'actrice Lupita Nyong'o a remporté l'Oscar de la meilleure actrice pour un second rôle dans le film «Twelve years a slave» de Steeve McQueen
L'actrice Lupita Nyong'o a remporté l'Oscar de la meilleure actrice pour un second rôle dans le film «Twelve years a slave» de Steeve McQueenImage : Reuters