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La Grèce et l'Euro : une relation difficile

Philippe Pognan15 mai 2012

Deux ans après que la Grèce ait demandé les premières aides de l'Union européenne, il semble que la crise de la monnaie européenne, l'Euro, soit à son paroxysme.

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Drapeau européen devant l'Acropole , AthènesImage : AP

Plus de 240 milliards d'euros ont été transférés jusqu'ici vers Athènes, des milliers de fonctionnaires grecs ont été licenciés, les retraites et les salaires diminués, un programme d'austérité en a chassé un autre. Bien que la Grèce soit pratiquement gouvernée par la Commission européenne et le FMI, la récession s'aggrave et de plus en plus d'économistes et d'hommes politiques évoquent une éventuelle sortie de la Grèce de la zone Euro.

Depuis des mois et des mois la Grèce reçoit des soins intensifs. Mais le patient se porte de plus en plus mal. Des experts du FMI ont émis un diagnostic inquiétant : le pays ne repose que sur une « petite base industrielle », a des « structures sclérosées » et un « secteur public hypertrophié ». Selon d'autres, la Grèce n'aurait jamais été prête à intégrer l'union monétaire et les tentatives de changer cela par des réformes n'ont pas fonctionné. Le taux de chômage moyen atteint 22%, et 53 % chez les jeunes. La privatisation des entreprises d'Etat n'a pas encore vraiment commencé. Des 50 milliards d'euros espérés d'ici 2015, seul 1,6 a été recueilli. La vente de terrains surtout est bloquée. Jusqu'à récemment les Grecs ne connaissaient pas de cadastre. Après dix ans de travail, seuls 6% des terres sont fixées dans un plan cadastral!

A Athènes, aucun gouvernement en vue pour appliquer sérieusement les directives internationales

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Image : Fotolia

C'est un constat qui vaut pour tous les partis politiques. Et lors des dernières élections début mai la population a clairement exprimé sa lassitude vis-à-vis de tels programmes. D'un autre côté, les bailleurs de fonds ne veulent pas payer indéfiniment pour la Grèce, comme l'a laissé entendre le ministre allemand des Finances. Wolfgang Schäuble qui a déclaré que l'aide internationale décidée pour la Grèce après de longues négociations ne pouvait encore être élargie et que l'on doit se poser la question de ce qui est économiquement défendable. Son homologue autrichienne Maria Fekter dénonce le fait que les politiciens grecs rejettent le cours d'austérité mais veulent malgré cela continuer à recevoir l'aide financière internationale. Elle exige même que si Athènes ne respecte pas ses engagements, alors la Grèce devrait sortir de la zone euro, voire de l'Union européenne !

Personne ne peut forcer les Grecs à abandonner l'Euro

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Wolfgang Schäuble et Jean Claude JunkerImage : dapd

Cependant même en Grèce certains pensent qu'une telle mesure aurait l'avantage d'avoir une monnaie moins forte mais correspondant à la force économique du pays. Cela favoriserait les exportations et augmenterait la consommation et donc la production nationale. Et après une difficile période d'adaptation difficile pour la Grèce, cela pourrait même relancer l'économie. Mais une majorité d'experts pensent qu‘une sortie de la Grèce de la zone euro serait une épreuve très difficile avec des conséquences sociales politiques et économiques énormes, non seulement pour la Grèce, mais aussi pour le reste de l'Union européenne.

Le chef de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker a déclaré ne pas penser une seconde à une sortie de la Grèce de la zone euro et a qualifié de telles propositions de non sens et de propagande. Toutefois il a lui aussi souligné que le prochain gouvernement grec devra se plier entièrement aux exigences des bailleurs de fonds.

Auteur : Philippe Pognan
Edition : Georges Ibrahim Tounkara