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La Grèce veut son mur contre les clandestins

3 janvier 2011

Sa frontière orientale avec la Turquie est devenue la principale porte de l'immigration clandestine en Europe. Bruxelles a émis des réserves sur ce projet qui pourrait aggraver la situation des demandeurs d'asile.

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Des migrants illégaux dans le centre de Kyprinos, proche de la frontière entre la Grèce et la Turquie
Des migrants illégaux dans le centre de Kyprinos, proche de la frontière entre la Grèce et la TurquieImage : picture alliance / dpa

« La Grèce a dépassé ses limites en matière d'accueil des migrants clandestins », a déclaré Christos Papoutsis, le ministre grec chargé de l'immigration. Celui-ci a annoncé l'intention de son gouvernement de dresser un mur ou une clôture – les détails de la construction n'ont pas été précisés – le long des 150 kilomètres de frontière que la Grèce partage avec la Turquie. Athènes semble donc avoir choisi une solution « à l'américaine », en s'inspirant directement du mur construit le long de la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique.

La Commission européenne a émis aujourd'hui des réserves sur le projet de la Grèce de clôturer sa frontière avec la Turquie pour lutter contre l'immigration clandestine. Michel Cercone, le porte-parole de Cecilia Malmström, la Commissaire chargée de la Sécurité, a déclaré que « les murs ou les grillages ne sont que des solutions à court terme qui ne résolvent pas la question de l'immigration clandestine ».

Car il est clair que cette décision d'ériger un mur ou une clôture intéresse l'Union européenne. Tout simplement parce que la frontière entre la Grèce et la Turquie est devenue le principal point de passage pour les migrants clandestins en Europe. De janvier à novembre 2010, près de 33 000 personnes ont été interceptées le long de cette frontière, ce qui représente la moitié des entrées illégales répertoriées dans toute l'Europe. En novembre dernier, les équipes de douaniers européens de FRONTEX, l'Agence de surveillance des frontières extérieures, se sont déployées dans cette zone ce qui a eu pour effet de faire chuter quasiment de moitié le nombre des entrées irrégulières.

Contrôle d'une équipe de FRONTEX en Grèce en novembre dernier
Contrôle d'une équipe de FRONTEX en Grèce en novembre dernierImage : picture alliance / dpa

Crise humanitaire

Le souci principal est qu’un mur sur cette frontière risque de nuire aux demandeurs d'asile. Car comment repérer les demandeurs d'asile qui resteront bloqués de l’autre côté du mur? C'est d'autant plus préoccupant que la situation des demandeurs d'asile en Grèce est considérée comme critique par le HCR, le Haut Commissariat aux réfugiés de l'ONU.

Dans un rapport publié cet automne, le HCR a évoqué : « un grand nombre de personnes détenues dans des conditions extrêmement difficiles (…) La plupart des requérants d'asile ne reçoivent aucune assistance. Un grand nombre d'entre eux vivent dans la rue, y compris des femmes et des enfants. » C'est pourquoi le HCR parle d'une « situation de crise humanitaire qui ne devrait pas exister en Europe. » La construction d'un mur ne peut que compliquer la tâche des demandeurs d'asile.

Auteur : Jean-Michel Bos

Edition : Philippe Pognan