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La géothermie, une énergie accessible et propre

5 décembre 2007

L’énergie géothermique, convertie en chaleur ou en électricité, s'affirme comme une des solutions face à l'augmentation des prix. En Allemagne, le Bundestag montre l'exemple en utilisant cette chaleur naturelle.

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En Allemagne, dans les nouvelles constructions, une habitation sur dix bénéficie de la géothermie.
En Allemagne, dans les nouvelles constructions, une habitation sur dix bénéficie de la géothermie.Image : picture-alliance/dpa

Un reportage signé Julien Méchaussie

Nous sommes à Pankow, un quartier situé tout au nord de Berlin. Au bout d’une petite rue pavillonnaire, dans le petit jardin d’une maison flambant neuve, deux ouvriers s’affairent autour d’une perceuse grande de plusieurs mètres et qui plonge directement dans le sol. Le but de la manœuvre est d'aller chercher de la chaleur à plus de soixante mètres de profondeur.

Le parlement allemand montre l'exemple en se dotant du chauffage géothermique.
Le parlement allemand montre l'exemple en se dotant du chauffage géothermique.Image : AP

Ron Frusch est Néerlandais, il travaille sur le site : « On a commencé hier. Le premier à trente mètres, pas de problème. Après c’est au niveau des cailloux, plein de cailloux. Et aujourd’hui on a changé de perceuse, on a pris une plus petite pour faire encore 30 mètres. Demain, on fera de même avec une autre machine, plus grande et plus puissante. Et c’est électrique, pas hydraulique, pas d’huile ! C’est impeccable pour l’environnement. »

Se chauffer à bas prix en respectant l'environnement

Une fois le forage terminé, une pompe à chaleur géothermique sera installée et ira chercher des températures comprises entre 10 et 30 degrés. La pompe restituera ensuite la chaleur enmagazinée pour chauffer le pavillon d’un étage et produire de l’eau chaude.

La pompe géothermique restitue la chaleur enmagazinée pour chauffer le logement et produire de l’eau chaude.
La pompe géothermique restitue la chaleur enmagazinée pour chauffer le logement et produire de l’eau chaude.Image : Baufritz

Uwe Bartsch a d'emblée renoncé au gaz ou au fioul et a préféré l'installation d’une pompe à chaleur géothermique. Il est persuadé d'avoir fait le bon choix : « Pour économiser de l’énergie. Pour faire baisser le montant des factures. C’est vraiment une opportunité à saisir. Si on fait la comparaison avec les sources d’énergie que l’on connaît pour se chauffer, là ça va me revenir deux fois moins cher. C’est bien pour l’environnement aussi. Et puis c’est sans risque pour tout le monde. Mes prochaines factures de chauffage dépasseront à peine les 540 euro par an. »

Même si la chaleur récupérée sous la terre est gratuite, la pompe fonctionne à l’électricité, ce qui implique un coût. Mais les économies réalisées au fil des mois rendent l'installation bien plus intéressante qu'un système de chauffage au fioul.

La géothermie, une énergie inépuisable et un coût environnemental proche de zéro.
La géothermie, une énergie inépuisable et un coût environnemental proche de zéro.Image : dpa

Sonja Schlamp travaille pour l’entreprise Stüber, spécialisée dans le chauffage géothermique. Pour elle, il n'y a pas de doute, le chauffage géothermique reste un très bon investissement, malgré un coût d'installation assez élevé : « Il suffit d’additionner le montant d’investissement de base et les coûts d’exploitation. Pour nous, cela vaut le coup de passer à un chauffage géothermique uniquement si le projet réalisé peut s’amortir en une dizaine d’années. L’investissement de départ reste assez élevé. Pour une maison de taille correcte, il faut compter dans les 9000 euro pour les travaux de forage, plus encore 9000 euro pour la pompe.» Même si l'investissement de base est important, il peut s'avérer très intéressant d'un point de vue environnemental.

Cette énergie située sous nos pieds est en effet renouvelable. On la trouve partout, elle est inépuisable et a un coût environnemental proche de zéro comme en témoigne Sonja Schlamp : « Bien évidemment que le côté environnement joue un rôle non négligeable. Le chauffage géothermique est très pauvre en émissions de CO2. Mais pour la plupart de nos clients, la motivation première reste l’augmentation des prix du fioul et du gaz. Et il y a de quoi tomber raide quand on reçoit sa facture. Surtout si l’habitation est mal isolée : quand les factures s’élèvent à plusieurs milliers d’euro, là il faut faire quelque chose. »

Les grands projets de géothermie se multiplient.
Les grands projets de géothermie se multiplient.Image : Geraldo Hoffmann

Le chauffage géothermique est-il donc la solution aux factures de chauffage trop salées et le combat contre le réchauffement climatique ? En tout cas, cette technologie a le vent en poupe en Allemagne : une nouvelle construction sur dix est dotée d’une pompe à chaleur géothermique. On estime actuellement à plus de cent mille le nombre de pompes installées. Un chiffre qui a doublé en un an.

Une source d'approvisionnement électrique

Ernst Huenges dirige le département de géothermie au GeoForschungsZentrum de Potsdam, le centre de recherche en géologie. Il souhaite aller encore plus loin : « Dès que nous creusons dans des profondeurs plus grandes, nous pouvons atteindre des températures plus élevées. Et ça, partout dans le monde. Pour des forages allant entre un et deux kilomètres de profondeur, les températures rencontrées montent à 80 degrés. Et si on creuse encore plus, comme avec notre projet Gross Schönebeck, où nous forons à quatre kilomètres de profondeur, les températures montent à 150 degrés. Avec ces températures, on peut commencer à produire de l’électricité en les combinant notamment avec des turbines et des générateurs. »

Gross Schönebeck est un projet pilote, situé à une cinquantaine de kilomètres au nord de Berlin. Les recherches qui y sont menées doivent aboutir dans le futur à une production électrique économiquement viable et concurrentielle. Il existe environ cent cinquante projets de ce type en Allemagne dont certains produisent dores et déjà de l'électricité à petite échelle.

A écouter aussi dans cette émission :

  • Reportage : Le film Hongrois « Les paumes blanches », sorti dans les salles française le 21 novembre dernier, a été tourné par un jeune réalisateur de 35 ans qui raconte sa propre histoire : enfant, il a été contraint par un entraîneur et par sa propre famille à devenir champion de gymnastique. A force de peur, de brimades et d'humiliations. Un film qui montre comment les mécanismes de la dictature (oppression, dénonciation, secrets tus) se retrouvent dans le microcosme de la famille ou d'un club de sport.
  • Portrait : le lituanien Algirdas Kauspedas, architecte d’une cinquantaine d’années, mais aussi chanteur. Avec son groupe Antis, "le canard", mot qui signifie aussi intox en langage journalistique, il a été très populaire au moment de l’indépendance, avec des chansons qui dénoncaient la réalité soviétique. Antis vient de sortir un nouvel album toujours aussi engagé qui dénonce les réalités d’aujourd’hui, en autres la corruption.
  • Carnet de voyage : Emmanuel Mingasson et Colette Dahan, sur la Route du lait, voyage en Europe à la rencontre des producteurs de fromage, le plus souvent artisanaux.