La future loi sur l'immigration ne fait pas que des heureux

Pour la Tageszeitung de Berlin, l’accord entre gouvernement et opposition ne fera pas augmenter le niveau de vie de la population en Allemagne. Au contraire. La loi contribue à freiner l’économie nationale par rapport aux autres pays. La raison en est que l’immigration ne sera que très légèrement facilitée. Chez le ministre de l’intérieur Otto Schily, mais surtout au sein de l’opposition, un mélange peu appétissant de fétichisme sécuritaire et de populisme de droite ont empêché la modernisation du droit de l’immigration. Ce qui en ressort est une absurdité économique, conclut le journal alternatif de gauche. Car une immigration bloquée – et donc la perte des effets positifs sur l’économie qui l’accompagneraient – fait augmenter le chômage au lieu de le réduire.

La Frankfurter Rundschau compare quant à elle le débat sur l’immigration à une pièce de théâtre bien trop longue et qui a pris vers la fin des allures de tragédie. Il y a tout de même des côtés positifs, écrit le journal, les partis ont en effet fini par se mettre d’accord sur un sujet brûlant. Ce qui peut avoir des conséquences apaisantes et relâcher quelque peu l’ambiance tendue de la situation politique actuelle, où le gouvernement se heurte constamment au blocage de l’opposition. Mais sinon ? se demande le journal. Qu’est-il devenu du « droit d’immigration le plus moderne d’Europe » dont on parlait tant ? Pas grand chose. La dispute de plusieurs années entre les partis a transformé l’essence même du projet. Au lieu d’une loi qui facilite l’immigration, conclut le quotidien, l’Allemagne s’apprête à faire passer une loi qui la limite.

Pour le quotidien die Welt, l’harmonie générale qui règne entre les partis atteint vite ses limites. Les Verts sont particulièrement laissés pour compte. Ils ont dû observer sans mot dire comment leur projet de loi leur était enlevé et comment d’autres se l’appropriaient. Une expérience encore plus amère que les compromis qu’ils ont été forcés d’accepter, écrit le journal conservateur. Le SPD a beau s’accorder le mérite du succès des négociations, l’opposition a su montrer quelle était son importance sur la scène politique. Seuls les Verts doivent reconnaître que du point de vue du contenu, on aurait très bien pu se passer d’eux. Ce qui finira peut-être par se refléter sur la scène politique, conclut le journal.