La fin du Transrapid?
25 septembre 2006Aucun moyen de transport ne garantit une sécurité absolue, affirme le quotidien Die Welt. Le risque demeure en particulier parce qu’il est impossible d’éviter toute erreur humaine. C’est la raison pour laquelle statistiquement la voiture est plus dangereuse que l’avion. À partir d’une seule catastrophe, comme celle du Transrapid, on ne peut déduire que cette technologie est hasardeuse, plaide le journal. Car le problème d’un obstacle sur la voie est le même pour tous les trains.
Le problème, la Frankfurter Rundschau le situe plutôt dans l’obsession des experts et des politiciens pour la célérité. Le Transrapid est l’un des produits de la vision technologique désormais surannée, selon laquelle le salut des transports publics viendrait de la grande vitesse. "Deux fois plus rapide que la voiture et deux fois moins que l’avion". Telle est la définition du Transrapid dont il tire sa légitimation. Or, rappelle le quotidien, le bon vieux chemin de fer roule depuis longtemps vers le même objectif : l’ICE atteint les 300 Km / h. Celui qui s’en félicite doit accepter que si la vitesse n’augmente peut-être pas la probabilité d’un accident, elle en accroît la gravité.
Malgré la catastrophe en Allemagne, le service est resté tout a fait normal à Shanghai, relève la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Pourtant une voiture du Transrapid s’était enflammée le 11 août dernier à proximité de la métropole chinoise sans faire de victime. Avant même d’avoir présenté le rapport d’enquête, les autorités sont convaincues qu’il ne s’agit pas d’un acte criminel. Un journal d’état tient d’ailleurs un court-circuit pour responsable de l’incendie. En outre de plus en plus de chercheurs chinois élaborent à bride abattue une version moins performante mais plus abordable du Transrapid. Les autorités compétentes déjà réfractaires devraient disposer de nouveaux arguments pour refuser la technologie allemande.
Mais même en Allemagne elle ne s’imposera jamais, selon la Süddeutsche Zeitung si toutefois une défaillance du système magnétique s’avérait être à l’origine de l’accident de vendredi. On ne saura qu’à la fin de l’enquête si c’est le cas ou si les hommes sont en cause, poursuit le journal ; mais quoiqu’il en soit la perte de crédit sera extrêmement difficile à compenser. À Munich, qui doit accueillir le premier trajet, les réserves étaient déjà grandes avant la catastrophe. Trop bruyant, trop cher, trop laid avait dit la ville en refusant le projet ; quant à la région bavaroise et somme toute le gouvernement berlinois, qui y étaient favorables, il n’étaient pas prêts à payer.