La Deutsche Bahn en grève
3 juillet 2007Des quais bondés mais pas de trains, des embouteillages sur les routes car beaucoup ont pris leur voiture à cause de la grève, la Frankfurter Rundschau s’attend à voir éclater la colère des usagers aujourd’hui. Tous auront certainement le temps de se demander : ont-il le droit de faire ça ? Les employés de la Deutsche Bahn ont-ils le droit, pour quelques euros de plus, de paralyser complètement le trafic ? Malgré les contrariétés de la journée, la réponse est : bien entendu qu’ils ont le droit. Lorsque les médecins des cliniques étaient en grève, tout le monde avait fait preuve de compréhension. Et pourtant certains patients étaient certainement plus durement touchés que l’usager qui arrive aujourd’hui en retard au travail.
La Tageszeitung estime que les employés de la Deutsche Bahn méritent des salaires plus élevés. Après tout, ils ont en grande partie contribué au succès économique des chemins de fer. A cause des suppressions de postes, ils ont dû travailler plus, mais n’ont eu que des augmentations de salaire très modérées. Pour le journal, les arguments de la direction contre une nouvelle augmentation – l’endettement de l’entreprise et la limitation des coûts à cause de la concurrence – ne sont pas convaincants. La dette est notamment due à l’achat de coûteuses filiales logistiques internationales. Mais celle-ci sont tellement profitables que la Deutsche Bahn devrait rentrer dans ses frais. En ce qui concerne la concurrence, la société de chemins de fer ne s’imposera que si elle propose le meilleur service possible. Et pour cela, il est nécessaire d’avoir des employés motivés.
Enfin la Süddeutsche Zeitung relève que pendant des années, les grèves étaient rarissimes en Allemagne. On était habitué à voir les employeurs et les syndicats pousser de grands cris d’horreur face aux positions de l’autre partie lors des négociations salariales, mais ils finissaient par s’entendre assez rapidement, et la grève n’était qu’une vague menace, pas une réalité. Aujourd’hui, les choses ont bien changé. Les employés de Deutsche Telekom ont à peine repris le travail que ce sont les conducteurs de locomotive qui s’y mettent. Dans l’imprimerie, les grèves d’avertissement font maintenant partie du quotidien et la métallurgie et le bâtiment ont également été touchés cette année. Une situation que l’on n’observait jusqu’à présent que dans les autres pays.