La dette, encore...
18 août 2011Angela Merkel l'avait annoncé : il ne fallait rien attendre d'exceptionnel de ce sommet. En cela, elle a tenu sa promesse, estime la tageszeitung qui passe en revue les propositions franco-allemandes. L'inscription de l'équilibre budgétaire dans les constitutions des 27 pays européens d'ici un an ? De la pure utopie. Un impôt sur les transactions financières ? Rien de révolutionaire, même pour les conservateurs. Un gouvernement économique commun ? Une idée censée mais encore brumeuse. En résumé, aucune de ces propositions ne risque d'améliorer le sort des pays endettés.
On commence à être fatigué du rituel des sommets de crise, écrit Die Welt. Pourquoi attendre d'Angela Merkel et Nicolas Sarkozy des propositions fracassantes alors que ce sont l'Allemagne et la France qui ont commis le péché originel en violant les premiers les règles du pacte de stabilité, sans jamais en payer le prix ? Ces deux pays peuvent-ils d'ailleurs encore prétendre à leur rôle de modèle au sein de l'Union, s'interroge le journal, avec une mise en garde : la crise a largement dépassé la question de la dette souveraine. Elle est devenue une crise de l’économie de marché et pourrait même déboucher sur une crise sérieuse de la démocratie.
La Süddeutsche Zeitung s'intéresse à une victime collatérale de la crise européenne : le franc suisse, qui a vu son cours s'envoler ces dernières semaines. La Banque nationale suisse est intervenue trois fois, dont deux sans succès. En finance, explique le journal, la crédibilité est une vertu cardinale. Celle de la banque centrale helvétique présente manifestement des lacunes : elle aurait dû depuis longtemps prendre des mesures drastiques pour protéger son économie de la surévaluation du franc.
De l'économie et même des économies, il en est enfin question dans la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Joe Biden, le vice-président américain, est en Chine. Le premier créancier étranger des Etats-Unis a signifié son mécontentement à propos de l'accord entre le Congrès et le président Obama au sujet de la dette, accord que Pékin trouve trop peu ambitieux. Pour le quotidien, c'est un bon exemple des changements fondamentaux que les crises entraînent dans les rapports de force mondiaux.
Auteur : Anne Le Touzé
Edition : Sébastien Martineau