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La dernière bataille de Kadhafi?

18 mars 2011

Il faut avancer loin dans les pages intérieures des journaux pour trouver des articles sur l'Afrique. Toute la presse a consacré d'épais dossiers au Japon. La Libye et la Côte d'Ivoire ne sont pourtant pas oubliées.

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Kadhafi à la télevision portugaise le 17 mars 2011Image : AP/RTP TV

L'hebdomadaire die Zeit est plutôt pessimiste sur l'avenir de l'insurrection libyenne. Le soulèvement semble buter sur ses limites, écrit le journal dans son édition de jeudi. Les nouvelles en provenance des champs de bataille sont contradictoires. Mais l'enjeu de la dernière grande bataille du colonel Kadhafi n'est pas seulement le pouvoir libyen. Il y va de l'avenir des révolutions arabes. Jeudi également, avant le vote au conseil de sécurité de l'ONU de la résolution autorisant une intervention militaire, la Frankfurter Allgemeine Zeitung écrit que le soulèvement né de manifestations de rues en Libye n'a apparemment pas la force de résister à l'offensive militaire du régime. Le demande d'une zone d'exclusion aérienne place les démocraties occidentales devant une tâche difficile. L'aviation libyenne n'a pas été particulièrement performante, jusqu'à présent, dans ses attaques ciblées. Mais elle ne pourrait être neutralisée que par des raids aériens sur ses bases et ses défenses anti-aériennes. Les partenaires de l'OTAN sont d'accord sur ce point. Des désaccords subsistent en revanche sur les conditions politiques, l'ampleur et les moyens d'une intervention militaire. Mais, poursuit le journal, dans le passé, les lignes rouges ont déjà été franchies dans les rapports avec le dictateur. Une solution négociée sans menace crédible d'un recours à la force n'est plus possible.

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Des insurgés quittent Ras Lanouf le 8 marsImage : picture alliance / dpa

Le Handelsblatt, un journal économique, révèle que l'Allemagne a fourni au dictateur libyen une aide militaire plus importante que ce qu'on en savait jusqu'à présent. Le journal précise que, selon ses informations, les autorités allemandes ont autorisé l'exportation, via la France, de rampes de lancement pour missilles antichars de type Milan 3. Ces rampes ont été produites par une firme bavaroise appartenant au trust EADS. Selon le Sipri, l'Institut de Stockholm pour la recherche sur la paix, l'Italie, la France et la Russie se sont particulièrement distinguées comme fournisseurs d'armes à Kadhafi, ajoute le Handelsblatt.

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Un bus en feu lors d'affrontements entre partisans des deux camps à Abidjan, 17 marsImage : picture-alliance/landov

Imprévisible Côte d'Ivoire

"Violents combats à Abidjan" - "Lutte finale à Abidjan", ou encore "Un génocide n'est pas exclu" - voilà quelques-uns des titres que l'on peut lire cette semaine dans la presse allemande à propos de la Côte d'Ivoire. Plus rien n'est prévisible en Côte d'Ivoire, souligne l'hebdomadaire der Spiegel. L'ancien pays du miracle économique en Afrique est à l'agonie, parce qu'un président battu aux élections, Laurent Gbagbo, s'accroche au pouvoir. L'ONU est au bout de son latin. Il faut qu'elle porte enfin au pouvoir le vainqueur de l'élection, Alassane Ouattara donc. Car cette élection n'a pas seulement produit deux présidents, elle a surtout fait un perdant: le peuple ivoirien. L'Afrique toute entière, poursuit le Spiegel, a les yeux tournés vers ce pays du golfe de Guinée. C'est à présent une question de guerre ou de paix. Il y va de l'exercice d'un pouvoir doté d'une légitimation démocratique mais aussi de la capacité de l'Union africaine de résoudre enfin un conflit.

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Enfants déplacés à AbidjanImage : dapd

La Frankfurter Allgemeine Zeitung voit dans ce qui se joue actuellement en Côte d'Ivoire un drame annoncé . En apparence il s'agit de savoir qui a remporté l'élection contestée de novembre dernier. La communauté internationale dit que le vainqueur est Ouattara. Le camp Gbagbo en revanche renvoie à de prétendues manipulations dans le nord du pays, acquis à Ouattara. Mais, souligne le journal, la véritable raison de la véhémence avec laquelle les partisans de Ggagbo surtout se dressent contre Ouattara réside dans la guerre civile qui a commencé en 2002 et au cours de laquelle le pays s'est scindé en deux. La question est la suivante: la force armée est-elle un moyen légitime d'initier un changement politique? Les rebelles qui ont déclenché la guerre à l'époque étaient en majorité des déserteurs de l'armée ivoirienne originaires du nord musulman. Ouattara a toujours contesté être derrière cette rébellion, ce qui, vu sous l'angle d'aujourd'hui, est un mensonge. Le premier ministre de son gouvernement n'est autre que l'ancien chef rebelle Guillaume Soro. Une chose est claire, conclut le journal: si Ouattara devient président, les partisans de Gbagbo le combattront en recourant exactement au même moyen que celui qu'il a autrefois utilisé: une insurrection armée.

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Mahamadou Issoufou pendant la campagne électoraleImage : picture alliance/Photoshot

Niger - une alternance pacifique

Par contraste avec la Côte d'Ivoire, le Niger fait figure d'une oasis de paix après le second tour de l'élection présidentielle, remporté dans le calme par l'opposant Mahamadou Issoufou. Comme le souligne die Tageszeitung, alors que la Libye et la Côte d'Ivoire plongent dans la guerre, la république du Niger, pays extrêmement pauvre, fait une démonstration de démocratisation pacifique. Tous les observateurs nationaux et internationaux ont salué le bon déroulement du scrutin. C'est, écrit le journal, un pas historique vers la démocratisation de l'instable région du Sahel. Pour la troisième fois depuis la fin, il y a vingt ans, de la dictature du parti unique menée par l'armée, le Niger tente d'emprunter la voie de la démocratie. Cette fois-ci devrait être la bonne. L'élection au Niger, lit-on dans la Süddeutsche Zeitung, est un signal encourageant dans une région secouée par les coups d'Etat militaires. Avec 48% la participation a certes été très faible. La corruption et les coups d'Etat survenus dans le pays ont ébranlé la foi des Nigériens dans leur pouvoir d'influer sur l'évolution politique de leur pays. Mahamadou Issoufou a triomphé des vieilles forces au Niger, et devrait donner un nouvel élan aux courants démocratiques dans la région.

Auteur: Marie-Ange Pioerron
Edition: Georges-Ibrahim Tounkara