1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

La Cédéao veut lancer une monnaie unique en 2020

18 décembre 2017

C’est l'une des principales conclusions de la 52ème session ordinaire de la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la Cédéao, qui s’est tenue ce week-end à Abuja, la capitale fédérale du Nigeria.

https://p.dw.com/p/2paqq
ECOWAS-Gipfel in Abuja, Nigeria
Image : Präsidentschaftsbüro Kap Verde

La Cédéao veut lancer une monnaie unique en 2020 - MP3-Stereo

L'"Eco", cette monnaie unique pour les 15 pays de la Cédéao, devrait remplacer le franc CFA et sept autres devises nationales. Mais le délai court évoqué laisse planer des doutes sur la viabilité du projet.

Car les pays membres de la Communauté Economique des Etats d'Afrique de l’Ouest, créée en 1975, utilisent des monnaies différentes : huit d’entre eux, rassemblés au sein de l’UEOMOA, l'Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine, utilisent le franc CFA. Il s’agit du Bénin, du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire, de la Guinée-Bissau, du Mali, du Niger, du Sénégal et du Togo.

Sept autres pays utilisent leur propre monnaie : l’escudo pour le Cap-Vert, le dalasi pour la Gambie, le cédi pour le Ghana, le franc guinéen pour la Guinée, le dollar libérien pour le Libéria, le naira pour le Nigeria et le Léone pour la Sierra Leone. Problème ? Toutes ces huit monnaies ne sont pas convertibles, ce qui ne facilite pas les échanges.

Serpent de mer

Le projet de créer une monnaie unique date du début des années 80. En raison de plusieurs facteurs, notamment l’harmonisation des systèmes monétaires, le projet n’a pu voir le jour.

La conférence des chefs d’Etat de la Cédéao a pressé les pays membres à adopter des mesures constitutionnelles et administratives, pour s’arrimer à l’approche régionale et pour parvenir à une uniformisation des exigences économiques et monétaires.

A en croire certains analystes, cette convergence économique  souhaitée entre les pays membres de l’espace Cédéao n’est pas possible à atteindre d'ici à 2020, date retenue pour la mise en circulation de cette monnaie unique, quand on sait que les réalités monétaires des pays membres sont différentes.

Le président sortant de l’institution, le Béninois Marcel de Souza, l'a reconnu: entre 2012 et 2016, il n'y a pas eu d'harmonisation des systèmes et politiques monétaires de ces pays. 
Et  pour ne pas arranger les choses, la chute des prix du baril de pétrole a causé une inflation de la monnaie nigériane, le naira, ainsi que celle du Ghana, le cédi. 
Autant de facteurs qui risqueraient de retarder encore pour quelques années ce projet de mise en place d’une monnaie unique.

Respect des critères techniques avant toute adhésion

C'est pour pallier cette disparité que les chefs d'Etat de ce bloc régional ont suggéré que la mise en circulation de cette monnaie unique au sein des pays de la Cédéao, à partir de 2020, ne concernera que les pays qui sont techniquement prêts. 

"L’option a été toujours maintenue que 2020 doit être la date de la création de la monnaie de la Cédéao étant entendu qu’on le ferait de façon progressive en considérant que tous les pays qui pourront répondre aux critères de convergence vont commencer à battre la monnaie Cédéao en attendant que les autres pays puissent se conformer et intégrer le processus de cette monnaie-là ", a déclaré le président du Burkina Faso, Rock Marc Christian Kaboré, à son retour du sommet d’Abuja. Cette analyse est partagée par l’économiste sénégalais, Demba Moussa Dembelé.

"Il y aura jamais un schéma idéal, où tout le monde sera au même niveau. Cela n'existera jamais. Même en Europe aujourd'hui, ce n'est pas le cas, après plus de deux décennies d'utilisation de l'euro. Je soutien ce processus qui consiste à dire que les pays qui représentent plus de 60% du PIB et qui satisfont aux critères de convergence puissent commencer et cela va ensuite attirer les autres. Si on dit, il faut que tout le monde soit au même niveau,cela n'arrivera jamais", soutient l’un des co-auteurs du livre paru en octobre 2016, "Sortir l'Afrique de la servitude monétaire : A qui profite le franc CFA ?"

 

Photo de Eric Topona Mocnga
Eric Topona Journaliste au programme francophone de la Deutsche WelleETopona