"Together as one" pour promouvoir l'intégration
18 octobre 2017"Je m’appelle Issa et je viens de Palmyre." Ce jeune Syrien de 18 ans fait rimer "Issa" avec "Palmyra" en allemand. Voilà près d’un an et demi qu’il vit dans une petite ville dans le sud de l’Allemagne. Le Rhin et la France sont à une vingtaine de minutes en voiture. C’est dans cette région, que sévit le groupe de hip-hop Zweierpasch des frères Felix et Till Neumann. "Le rap nous permet de trouver un langage commun, un dénominateur commun. Quand tu sais rapper dans une langue, tu sais le faire dans une autre. Le groove et le flow, ils l’avaient déjà. Il s’agissait juste de trouver les mots justes."
Dans "Together as one", chacun s’est mis à l’allemand. C’est le cas d’Ajmaal, chez qui on devine un accent perse. Ajmaal vient de Téhéran. Là bas il dit avoir tenté de défendre des idées politiques, ce qui n’a pas vraiment plu aux autorités. Si Ajmaal a fui par la Turquie pour arriver en Europe, d’autres sont venus par la Libye et la Méditerranée.
De Banjul en Allemagne
C'est le cas de Yaya. Chez lui, en Gambie, il faisait déjà de la musique et est connu sous le nom de Warrior. Ses clips sont même passés à la télé. "Je faisais de la musique et j’étais aussi dans l’armée. Nous avons connu la dictature. Je ne me sentais plus en sécurité là-bas. J’aurais pu y laisser ma vie, comme tant d’autres."
L'apport des frères Neumann
Les frères Neumann profitent des concerts de leur groupe pour faire monter le collectif de migrants sur scène. Leur engagement citoyen est connu dans la région. Félix travaille d’ailleurs dans un centre d’intégration pour jeunes. Il est ce qu’on appelle un pédagogue en hip-hop. "On s’en sert pour transmettre les langues étrangères, pour la compréhension interculturelle. Aussi pour des domaines comme la politique et la participation. On a découvert que le Hip Hop peut enthousiasmer les gens et nous permet de travailler sur toutes sortes de thématiques."
Et Felix raconte l’étonnement de certains spectateurs, lors des premiers concerts. Étonnement de voir des migrants monter sur scéne et rapper dans la langue de Goethe: "quand un Erythréen s’exprime en allemand alors même qu’il ne parle pas encore vraiment la langue, ça impose le respect", raconte le jeune homme.
Le programme a réuni à Lahr, dans le Bade-Wurtemberg, quelque 150 migrants venues d’Erythrée, de Syrie, du Niger, d’Afghanistan, du Kosovo et de Gambie. Ils ont participé pendant un an à des ateliers de danse, de peinture et donc de hip-hop. "Je m’appelle Issa et je viens de Palmyre."