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La Cedeao menace, Gbagbo contre-attaque

26 décembre 2010

Escalade verbale à Abidjan. La Cedeao menace de recourir à la force pour contraindre Laurent Gbagbo à quitter le pouvoir. Ce dernier rétorque qu'une telle opération déclenchera une nouvelle guerre civile en Côte d'Ivoire

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Laurent Gbagbo refuse de céder aux menaces de la CedeaoImage : Picture-Alliance/dpa

Les Ivoiriens n’avaient pas le cœur à la fête hier pour Noël. Le souvenir du putsch de Noël 1999 hante encore les esprits. Et qui sait comment va évoluer la crise dans laquelle la Côte d’Ivoire est plongée depuis l’annonce des résultats de la présidentielle début décembre ?

Une crise qui semble pourtant être à un tournant depuis la décision de la Cedeao qui menace de recourir à la force pour chasser Laurent Gbagbo du pouvoir. Les 15 dirigeants de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cedeao) étaient réunis vendredi à Abuja au Nigéria. Ils ont déclaré qu'ils allaient envoyer des émissaires – à savoir : les présidents béninois, sierra-léonais et cap-verdien – mardi 28 décembre à Abidjan pour demander à Laurent Gbagbo de démissionner. S'il refuse, alors la Cedeao réunira les chefs d'Etat-major de ses pays-membres en vue d'un coup de force.

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Les casques bleus continuent de patrouiller..Image : ap

Vers une nouvelle guerre civile ?

C'est la première fois que Gbagbo est directement sous la menace d'une opération militaire, il a jusque-là ignoré ultimatum et sanctions. Le camp Gbagbo a réagi samedi en qualifiant d’inacceptable cette menace de la Cedeao. Il y voit un complot du bloc occidental dirigé par la France. Il met surtout en garde qu'un tel projet plongera à nouveau le pays dans une guerre civile. Et les pays voisins ne prendront pas un tel risque vu le grand nombre de leurs ressortissants vivant en Côte d'Ivoire.

Yao Gnamien, conseiller diplomatique de Laurent Gbagbo, est monté au créneau pour dénoncer l’option militaire :

"Les Nations Unies ne peuvent pas recourir à la force contre le président. L'Union africaine ne peut pas recourir à la force contre notre président. Les Nations Unies comme l'Union africaine doivent identifier clairement les causes de la crise actuelle, et réfléchir à la manière de résoudre le problème. Mais pourquoi avoir besoin de recourir à la force? Pourquoi?"

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Alassane Ouattara dénonce les violences commises par des "éléments armés"Image : AP

Regain de violences

Autre menace de la Cedeao : trainer devant la justice internationale les responsables des violences de ces dernières semaines. D'après l'ONU, plus de 170 Ivoiriens y auraient succombé entre le 16 et le 21 décembre.

Le président reconnu par la communauté internationale, Alassane Ouattara, a réagi au communiqué de la Cedeao en s’exprimant vendredi soir en public – une première depuis le début de la crise. Il a officiellement demandé à la Cour pénale internationale d'envoyer une mission pour enquêter sur les violences post-électorales. Il a également appelé les Forces de défense et de sécurité, fidèles à Laurent Gbagbo, à lui obéir et à protéger la population des "atrocités" commises par des éléments armés :

"De graves violations des droits de l’homme sont constatées partout. Ainsi, pendant le couvre-feu, des personnes ont été enlevées et exécutées par des éléments de la garde républicaine, appuyés par des mercenaires et des miliciens étrangers.”

Des réfugiés toujours plus nombreux

Le Haut Commissariat de l'ONU pour les réfugiés, le HCR, a annoncé samedi que 14 000 Ivoiriens ont déjà fui vers le Libéria depuis le 29 novembre dernier. Il avertit qu'il risque d'être à court de nourriture face à cet afflux de réfugiés. D'après l'agence onusienne, des membres des Forces Nouvelles, qui soutiennent désormais Alassane Ouattara, empêcheraient les civils de traverser librement la frontière.

Auteur : Cécile Leclerc (avec AFP, Reuters, dpa)

Edition : Mulay Abd’el Aziz

Vous pouvez écouter ci-dessous le reportage de Julien Adayé, notre correspondant à Abidjan, sur la situation sécuritaire dans la capitale économique ivoirienne. Pour alléger leurs souffrances et éviter de nouvelles violences, les populations ont inventé l'opération "Casserole".

Vous pouvez également consulter notre dossier Spécial Côte d'Ivoire.