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La Bundeswehr se retire de Kunduz

Philippe Pognan7 octobre 2013

L'armée allemande, présente en Afghanistan depuis 2002, a remis sa base de Kunduz aux forces de sécurité afghanes. Un transfert et un départ qui suscitent diverses réactions.

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German Foreign Minister Guido Westerwelle (back row 2nd L-2nd R), German Defence Minister Thomas de Maiziere, Afghan Interior Minister Mohammad Omar Daudzai, and Afghan Deputy Defence Minister Enayatullah Nazari watch as German and Afghan Army senior officials sign documents during the handover ceremony of a German base to the Afghan armed forces in Kunduz October 6, 2013. Soldiers of the German contingency of the International Security Assistance Force (ISAF) withdrew from their base in Kunduz and the camp will be used by the Afghan National Army (ANA) and the Afghan National Civil Order Police (ANCOP). REUTERS/Fabrizio Bensch (AFGHANISTAN - Tags: CIVIL UNREST MILITARY POLITICS)
Les ministres allemands de la Défense et des Affaires étrangères Thomas de Maizière et Guido Westerwelle lors de la cérémonie de remise des clefs de la base de Kunduz aux autorités afghanesImage : Reuters

Depuis une décennie, les habitants de Kunduz et de sa région étaient habitués à la présence des soldats allemands. Sur environ 4.000 soldats allemands actuellement déployés dans le nord dans le cadre de la Force internationale de l'Otan en Afghanistan, 900 l'étaient à Kunduz. Dans la région, la Bundeswehr était non seulement un facteur de sécurité, mais aussi un employeur qui a aidé à la reconstruction. Ainsi des routes et des écoles ont été construites ou rénovées, des enseignants et des artisans ont été formés. Et puis les soldates et soldats allemands étaient eux mêmes un facteur économique non négligeable.

Des affaires grâce à la Bundeswehr

Mahboba Heider, propriétaire d'une petite usine textile qui emploie une vingtaine de femmes, a fait des affaires grâce à la Bundeswehr. Les militaires achetaient volontiers des habits traditionnels afghans pour les ramener en souvenir en Allemagne.

« Au début, nous recevions beaucoup de commandes de la Bundeswehr. Mais depuis un an, la situation sécuritaire a empiré et le personnel de l'armée allemande sort plus rarement de sa base... »

Comme beaucoup d'autres Afghans, Mahboba s'inquiète du départ des soldats allemands. Ils craignent pour leur sécurité et celle de leurs familles, d'autant plus que les talibans semblent reprendre peu à peu le contrôle de certains districts de la province.

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Le retrait d'Afghanistan est aussi un défi logistiqueImage : picture-alliance/dpa

Pour les talibans, comme pour d'autres bandes criminelles armées, le fait d'avoir aidé les forces internationales d'assistance à la sécurité (FIAS) est un motif suffisant pour exécuter quelqu'un. C'est en tout cas l'avis de cet interprète de la Bundeswehr qui tient à rester anonyme :

« Ce ne sont pas seulement des taliban, mais aussi d'autres groupes armés et criminels qui nous rendent la vie difficile. Si ces groupes apprennent que j'ai travaillé avec les étrangers, ils ne me laisseront pas en vie... »

54 soldats tués

Certains Afghans pensent toutefois qu'après le départ des soldats étrangers, la situation sécuritaire générale s'améliorera. Quoi qu'il en soit, les Allemands ont promis d'aider tous ceux qui voient leur vie en danger. Ils peuvent faire une demande de permis de séjour en Allemagne. Chaque cas sera examiné. Cela vaut aussi bien pour les interprètes, traducteurs et personnel de service afghans de la Bundeswehr, que pour tous les Afghans qui ont aussi travaillé ou travaillent pour d'autres services allemands comme par exemple dans le domaine du travail de coopération et de développement. De son côté, la GIZ, l'organisation étatique allemande d'aide au développement, restera active au moins jusqu'en 2016 dans le nord de l'Afghanistan pour y réaliser divers projets.

Au total, quelque 100.000 soldats allemands ont été déployés dans le pays depuis 2002. 54 d'entre eux y ont perdu la vie, dont 35 au combat, dans ce qui constitue le conflit le plus meurtrier pour l'armée allemande depuis la Seconde Guerre mondiale.