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La Bundeswehr doit-elle aller en RDC ?

Christophe LASCOMBES8 mars 2006

A Innsbruck, les deux journées de discussions au niveau européen sur l’envoi de soldats européens au Congo n’ont donné aucun résultat tangible alors que ces troupes doivent assurer la sécurité pour les élections prévues pour le 18 juin prochain. Cette situation et ses conséquences font ce matin l’objet de nombreux commentaires et articles de fond dans la presse allemande.

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En RDC, les Nations Unies demandent l'aide de l'UE pour sécuriser les prochaines élections du 18 juin.
En RDC, les Nations Unies demandent l'aide de l'UE pour sécuriser les prochaines élections du 18 juin.Image : AP

Pour certains, dont la Frankfurter Allgemeine Zeitung, la chose est affligeante. Au regard des ambitions de puissance mondiale qu’entretiennent les membres de l’Union Européenne, on sait bien parler de la responsabilité de l’Europe, de son intérêt à la stabilité de la région du Congo mais dès qu’il s’agit de participer à l’envoi d’une troupe, il n’y a plus personne. Pour autant, la question se pose de savoir quel effet de sécurité ces 1 500 soldats de la paix pourraient-ils avoir dans un pays sept fois plus grands que l’Allemagne et où 17 000 casques bleus sont déjà stationnés.

Pour d’autres, à l’instar de la Süddeutsche Zeitung dans un dossier consacré à ce sujet, il ne faut pas sous-estimer les dangers de cette intervention. Jusqu’à présent, les missions à l’étranger de la Bundeswehr étaient plutôt dédiées au maintien de la paix. Au Congo, dans cette région pleine de violences, même s’ils restaient à Kinshasa, le risque d’affrontements armés reste important, ne serait-ce que lors de troubles préliminaires aux élections du 18 juin. Et si leur mission les menait dans des provinces en état de guerre civile, ils seraient confrontés à des enfants-soldats, le scénario d’horreur maximum pour les soldats allemands.

Et puis, comme le souligne la tageszeitung, contrairement aux Balkans, l’Allemagne n’est pas en mesure de prendre la tête d’un tel détachement car la Bundeswehr ne dispose d’aucune expérience dans la région. Le quotidien relève l’exigence posée par Berlin pour participer à une telle mission outre : que le Congo dépose une demande d’intervention auprès de l’UE et que cette dernière formule un mandat clair.

Apparemment, Bruxelles croit que la seule vue des soldats européens suffit à apporter la paix éternelle, ironise die Welt. C’est de la mégalomanie. Si certains avancent à bon droit l’argument humanitaire pour justifier cette mission, il faut alors que cette aide soit efficace. Si 50 000 soldats ont été envoyés au Kosovo et que la population du Congo est 15 fois supérieure, il faudra donc envoyer en Afrique centrale 750 000 soldats européens. Impossible ! Et le quotidien de rappeler l’existence de l’Union africaine dont les membres pourraient aussi envoyer des troupes.

Un point de vue repris à la Frankfurter Rundschau qui relève que Patrick Lekota, le Ministre de la Défense d’Afrique du Sud, considère comme une « impolitesse » de ne pas discuter des projets militaires européens avec le principal intéressé. Pretoria, très engagé dans la région au travers de la SADC la Communauté de Développement d’Afrique Australe, pourraient déplacer 1 000 soldats du Burundi, où ils sont stationnés, vers Kinshasa, dans le cadre de la clause d’assistance de cette SADC. Voilà qui rendrait inutile l’intervention européenne, conclut le quotidien.