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L'Égypte entre islam et laïcité

2 décembre 2012

La Haute cour constitutionnelle d'Égypte a entamé dimanche une grève ouverte en réponse aux « pressions » des partisans du président Morsi qui ont tenté d'empêcher les juges d'examiner le projet de constitution.

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La place Tahir au Caire reste au cœur des protestations contre le pouvoir
La place Tahir au Caire reste au cœur des protestations contre le pouvoirImage : Reuters

Des centaines de partisans du président égyptien Mohamed Morsi étaient rassemblés devant la Haute cour constitutionnelle au Caire dimanche. Les manifestants islamistes, dont beaucoup enveloppés dans des couvertures ont passé la nuit devant la cour pour tenter d'empêcher les juges de pénétrer dans le bâtiment, a dit l'un d'eux à l'AFP.

Dans un communiqué publié par l'agence Mena, la Cour annonce la suspension de ses audiences jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de « pressions psychologiques et matérielles ». Elle dénonce en outre un « assassinat psychologique » de ses juges.

La Cour constitutionnelle, dont la grève fait monter la pression sur le président, devait examiner la validité de cette commission dominée par les islamistes et boycottée par l'opposition de gauche et laïque ainsi que par les Eglises chrétiennes. La nouvelle constitution, qui prévoit notamment qu'un président ne peut effectuer plus de deux mandats de quatre ans et maintient les « principes de la charia », la loi islamique, comme source principale du droit égyptien, doit parachever la transition en Egypte vingt-et-un mois après ce que l'on a appelé la « révolution du Nil » qui a vu la chute de Hosni Moubarak.

Demonstration Kairo Ägypten November 2012
Le président Morsi est accusé de vouloir un pouvoir absoluImage : picture-alliance/dpa

Après le décret du 22 novembre dernier, par lequel le chef de l'Etat a élargi ses pouvoirs et interdit à la justice de statuer sur l'affaire de la commission chargée de rédiger la Constitution, c'est donc un bras de fer qui s'engage entre le président islamiste Morsi et le pouvoir judiciaire.

Le président égyptien, qui insiste sur le caractère temporaire du décret, affirme que le texte ne vise pas à concentrer les pouvoirs mais au contraire à les déléguer et éviter une politisation de l'appareil judiciaire.

Le projet de constitution, qui doit être soumis à référendum le 15 décembre, a été adopté en quelques heures entre jeudi et vendredi dernier par la commission. Ce projet a été boycotté par l'opposition de gauche et laïque, ainsi que par les Eglises chrétiennes, qui dénoncent la mainmise des islamistes.

Pour les adversaires du chef de l'État, l'adoption de la nouvelle loi fondamentale a été faite dans la précipitation. Ils estiment également que la commission est prise en otage par les Frères musulmans et leurs alliés islamistes et ils redoutent que la nouvelle constitution ne garantisse pas les libertés fondamentales.

Ägypten Kairo Protest Tahir Platz nach Abstimmung in der verfassungsgebenden Versammlung
Les Chrétiens et la société laïque craignent la mise en place d'un état islamique durImage : Gianluigi Guercia/AFP/Getty Images

Dans la soirée de samedi, Mohamed El Baradeï, une des figures de l'opposition, a dénoncé un projet qui « sape les libertés fondamentales et viole les valeurs universelles ».

Il s'agit de la crise politique la plus grave en Egypte depuis l'élection en juin de M. Morsi, issu de la Confrérie des Frères musulmans qui est la formation politique la mieux organisée du pays. Elle et ses alliés salafistes du parti Al Nour s'estiment en mesure de mobiliser suffisamment d'électeurs pour remporter le référendum.

Auteur : Christophe Lascombes
Édition : Mulaye Abdel Aziz