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L'égalité des chances en question

Manon Rivière4 novembre 2005

Les journaux allemands reviennent ce matin sur la dernière étude menée en 2003 par le programme PISA, un programme de l’OCDE chargé depuis cinq ans d’évaluer le niveau des élèves âgés de 15 ans, à travers le monde. Les principaux résultats avaient déjà été publiés en juin dernier, mais on dispose désormais d’éléments fiables pour comparer entre eux les différents Länder allemands. Si les écoliers rattrapent leur retard, l’idéal d’égalité des chances est encore loin d’être atteint et les disparités géographiques restent très fortes. La revue de presse est signée Manon Rivière.

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Le rapport PISA 2003 pointe du doigt les nombreuses disparités entre les Länder
Le rapport PISA 2003 pointe du doigt les nombreuses disparités entre les LänderImage : dpa - Report

« Malgré les efforts entrepris, la part des élèves en difficulté reste encore très élevée », voici comment la Süddeutsche Zeitung résume ce matin la situation. Le journal met en avant les grandes disparités révélées par cette étude PISA, et expose de façon très didactique ses principaux enseignements. Ainsi, sans surprise, « les enfants dont les parents ont fait des études universitaires ont 4 fois plus de chance d’aller au lycée que les enfants d’ouvriers », souligne le quotidien. Géographiquement, le nord de l’Allemagne concentre les plus forts pourcentages d’élèves rencontrant des difficultés à la lecture… Ils sont ainsi près de 30 % à être concernés à Brême, contre 14% en Bavière…autrement dit deux fois moins.

« Depuis la première étude PISA, il y a 5 ans, le système scolaire allemand n’est pas devenu plus équitable », écrit de son côté l’éditorialiste du Tagesspiegel en Une. Rappelant malgré tout que les résultats de cette enquête de 2003 sont meilleurs que ceux publiés lors que la toute première évaluation, en 2000… Le Tagesspiegel choisi de mettre l’accent ce matin sur la situation à Berlin, la capitale allemande… Berlin, où « les élèves sont, je cite, mauvais et dissipés ». L’étude révèle ici que 62% des écoliers berlinois « ne donnent pas le meilleur d’eux-mêmes »…préférant développer une attitude « passive » en classe. Le journal revient aussi sur la réaction de Klaus Böger, le ministre chargé de l’éducation au gouvernement régional de Berlin. Klaus Böger qui refuse catégoriquement d’avaliser le mauvais classement des lycées berlinois, au prétexte que « cette étude ne prend pas assez en compte le fait que beaucoup de jeunes élèves à Berlin sont d’origine turque et ne parlent souvent pas du tout allemand à la maison ». Une réalité qui d’après lui n’est pas suffisamment mise en lumière par l’étude PISA.

Toujours très inspiré pour ces Unes caustiques, le journal de gauche la Tageszeitung titre « Schavan ne sait pas lire »… Allusion à la future ministre de l’éducation, la conservatrice Annette Schavan, qui « maintient que l’égalité des chances s’améliore », alors que 22% des élèves allemands ne sait toujours pas lire correctement à 15 ans ! Dans son éditorial, intitulé « classes moyennes bornées », Ulrike Winkelmann de la taz dénonce sans détour « l’étroitesse d’esprit dont fait preuve la CDU dans sa lecture des résultats de cette enquête »…Les conservateurs qui estiment tout simplement « que trop d’élèves se retrouvent au lycée » et que bon nombre d’entre eux devraient être réorientés en filières techniques. « Un moyen détourné, selon la journaliste, d’éliminer les enfants d’immigrés et d’ouvriers du circuit, pour flatter toujours plus une classe moyenne égoïste qui ne pense qu’à sa propre survie. » Pas de doute, autant que le budget, ou les retraites, l’éducation est un sujet brûlant en Allemagne ces jours-ci !