Juncker contre-attaque
13 novembre 2014La cloche a sonné pour Jean-Claude Juncker, titre la tageszeitung. Le président de la Commission est sorti hier de son silence, un silence dans lequel il s'était plongé depuis la révélation par la presse jeudi dernier de ce scandale fiscal. Et cette montée au créneau a surpris tout le monde, écrit la taz. Lorsqu'il est arrivé devant le Parlement européen, l'ambiance était tendue.
Mais Juncker ne s'est pas laissé atteindre par les reproches, raconte Frankfurter Allgemeine Zeitung. L'ancien Premier ministre du Luxembourg a assuré que tout ce qui avait été fait dans son pays était conforme aux règles nationales et internationales. Et que le Luxembourg n'était pas le seul à pratiquer ce qu'on appelle les tax rulings, ces "déclarations anticipatives" qui permettent à une entreprise d'anticiper pour payer le moins d'impôts possible. Selon Juncker, cette pratique existe dans 22 des 28 Etats membres de l'UE. Le président de la Commission a quand même admis que cela allait à l'encontre de la morale.
Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung, cette affaire pose une question. Celle de savoir si on peut garder Juncker comme président de la Commission européenne, alors qu'il a été Premier ministre d'un paradis fiscal. La réponse est oui, estime la FAZ, dans la mesure où ces pratiques étaient légales.
Une directive à l'étude
Jean-Claude Juncker a déjà annoncé que la Commission européenne préparait une directive pour obliger chaque Etat membre, qui s'engage à accorder des avantages fiscaux à une entreprise, d'en informer les autres Etats de l'UE. Mais, il faudra tout de même surveiller cela de près, prévient la FAZ. Car Juncker n'est pas aussi impartial sur le sujet qu'il prétend l'être.
Au-delà de la responsabilité personnelle de Juncker, ce qui pose problème selon la Süddeutsche Zeitung, est de savoir comment est-il possible qu'au beau milieu de l'Europe et sous les yeux de tous les chefs d'Etat et de gouvernement, certains pays puissent pour ainsi dire arnaquer les autres. Cette affaire politique est un magnifique faux départ pour la nouvelle Commision Juncker, ironise la Süddeutsche Zeitung. Une crise institutionnelle dont l'Union européenne déjà en crise n'avait nullement besoin.