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« Journée de colère » au Liban

25 janvier 2011

Les partisans de Saad Hariri ont manifesté violemment afin de protester contre la nomination du candidat du Hezbollah, Najib Mikati au poste de Premier ministre.

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Un véhicule blindé dégage une rue de Beyrouth encombrée par des poubelles incendiées
Un véhicule blindé dégage une rue de Beyrouth encombrée par des poubelles incendiéesImage : AP

Cette nomination, annoncée officiellement aujourd’hui, est une entorse au partage des pouvoirs dans ce pays multiconfessionnel car traditionnellement, le poste de Premier ministre est réservé à un sunnite. Or, Najib Mikati est le candidat du parti chiite Hezbollah et c'est un précédent que les partisans de Saad Harirri ne veulent pas accepter. Même si – et c'est là où on comprend que le sujet est très sensible – Najib Mikati est lui-même un musulman sunnite. Mais en se mettant au service du Hezbollah, il est considéré par beaucoup de sunnites comme un traître.

D'ailleurs, Saad Hariri a refusé la main tendue par Najib Mikati : il ne participera pas à un gouvernement d'union nationale. Ce qui signifie que ce gouvernement ne comprendra pas un parti qui représente 70% de la population sunnite. Ceci explique l’explosion de violence aujourd’hui au Liban. « Le sang des sunnites est en train de bouillir », scandent aujourd’hui les manifestants.

L'homme d'affaires Najib Mikati a été désigné Premier ministre par le président Michel Sleimane
L'homme d'affaires Najib Mikati a été désigné Premier ministre par le président Michel SleimaneImage : picture-alliance/dpa

Répercussions cataclysmiques

Des violences ont éclaté à Tripoli, dans le nord du pays, la ville de natale de Saad Hariri et aussi du nouveau Premier ministre Najib Mikati. Des violences ont aussi éclaté dans la région sunnite de la Bekaa, dans la ville méridionale de Sidon ainsi que dans certains quartiers de la capitale, Beyrouth. La chaine qatarie Al Jazira a annoncé qu'un de ses véhicules avait été incendié et les images diffusées par cette chaine montrent un face à face tendu mais jusqu'ici pacifique entre l'armée et les manifestants.

Najib Mikati s'est présenté comme le candidat de la réconciliation mais pour l'instant, il est peu probable qu’il soit l'homme le mieux à même de ramener le calme au Liban. Certes Najib Mikati a de l'entregent. Il est l'homme d'affaires le plus fortuné du Liban et il a des contacts un peu partout dans le monde. Mais il est présenté comme pro-syrien et le Hezbollah le soutient à la seule condition que celui-ci rompe les relations avec le Tribunal spécial sur le Liban destiné à faire la lumière sur l'assassinat en 2005 de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri. Selon toutes vraisemblances, certains membres du « Parti de Dieu » pourraient être désignéa responsable. C'est donc tout l'enjeu de cette nouvelle crise politique. Dans son éditorial aujourd’hui, le quotidien libanais anglophone Daily Star rappelait que le « Liban est une poudrière » et que ses dirigeants « doivent réaliser les répercussions potentiellement cataclysmiques de leurs actes ».

Auteur : Jean-Michel Bos

Edition : Fréjus Quenum