1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Jordanie : les raisons de la grogne sociale

Rémy Mallet
5 juin 2018

Le pays est secoué depuis une semaine par une série de manifestations contre la vie chère. Il s’agit des plus importantes contestations depuis cinq ans. Le Premier ministre a d’ailleurs dû démissionner.

https://p.dw.com/p/2yyL4
Proteste in Jordanien
Image : picture-alliance/AP/dpa/R. Adayleh

Sous pression du Fonds monétaire international, la Jordanie n’avait d’autres choix que d’engager des réformes structurelles afin de réduire sa dette publique à 77% de son PIB d’ici 2021. Il y a trois ans, ce déficit était en effet de 94%.  

La mise en œuvre de ces réformes s’est traduite par une augmentation des prix mais aussi de la fiscalité des ménages. Ces mesures viennent s’ajouter au quotidien déjà pénible des populations. 

Jordanien Proteste
Les rassemblements, les plus importants depuis fin 2011, ont lieu la nuit après la rupture du jeûne du ramadanImage : picture-alliance/Photoshot/M. Abu Ghosh

"La situation financière des Jordaniens est très difficile. Le revenu moyen par habitant est d’environ 400 dinars jordaniens, près de 500 euros. Avec cette somme, on peut à peine subvenir aux besoins de sa famille. Selon une récente étude du magazine britannique, The Economist, Amman serait la capitale la plus chère du monde arabe avec un coût de vie équivalent à Dubaï ou Abu Dhabi mais avec des salaires pourtant modestes. Cela montre à quel point la situation de la population moyenne est difficile", indique Tim Petschulat, représentant de la Fondation allemande Frierich-Ebert à Amman, la capitale jordanienne. 

Environ 60.000 Jordaniens arrivent sur le marché du travail chaque année. Un marché qui a du mal à absorber cette masse de jeunes diplômés. Le pays fait aussi face à l’afflux massif de réfugiés Syriens qui fuient les combats dans leur pays.  

Face à la grogne sociale, le roi Abdallah a désigné son ministre de l'Education, Omar al-Razzaz, en remplacement du chef de gouvernement démissionnaire, Hani Mulqi.

Mais ce changement ne pourra pas tout régler. 
"Il ne s’agit pas de remplacer un individu par un autre. Ce n’est pas ça le problème. Le problème c’est  la politique du gouvernement, sa politique d'appauvrissement et de faim. Je suis contre cela", explique une jeune manifestante. 

Le nouveau Premier ministre aura pour mission de réviser la réforme fiscale et d'établir un dialogue avec le Parlement, les partis politiques, les syndicats et la société civile afin d'apaiser la tension sociale.