Jeux diplomatiques
6 août 2009Rien n'est joué en Iran, estime la tageszeitung. Si le chef de l'Etat iranien avait observé de plus près la salle plénière et jeté un coup d'œil dehors sur le parvis du Parlement, il aurait constaté que la profonde crise provoquée par la fraude électorale est loin d'être réglée. Le mouvement protestataire est toujours bien présent. Entre-temps l'Etat islamique a perdu sa légitimité et son autorité, même aux yeux de ses fidèles partisans. Jusque dans les provinces les plus isolées, observe la taz, les manifestations ont fait comprendre aux iraniens que ce ne sont pas la justice, la morale ou l'islam qui préoccupent les dirigeants, mais le pouvoir et la poursuite de leurs objectifs dictés par l'idéologie.
La Süddeutsche Zeitung constate pour sa part qu'ici aussi c'est la vieille règle de politique internationale qui s'applique : on discutera avec celui qui exerce le pouvoir. Pas besoin de poser la question de la valeur de l'élection. S'il en était autrement, qu'en serait-il des relations de l'Europe avec l'Afrique du Nord, le Proche Orient et une grande partie de l'Afrique noire ? On ne vérifie pas si un chef d'Etat y est bien élu ou pas. Pour le journal, trop de potentats avec lesquels l'occident entretient des rapports sincères. Des présidents aux 98,5%, des monarchies héréditaires ou le cas particulier de Mouammar Khadafi qui règne depuis 40 ans sur la Libye. En comparaison, en Iran, les choses paraissent simples : ici règne un président contesté, mais qui dispose tout de même du soutien d'une partie de la population et des institutions. Quoi qu'il en soit, ce sont les Iraniens qui sont les plus à plaindre : pour la deuxième fois déjà ils sont condamnés à quatre ans d'Ahmadinejad.
Autre sujet du jour : Bill Clinton qui est rentré de Pyongyang avec les deux journalistes libérées. Sur le plan « humanitaire », la Frankfurter Allgemeine Zeitung parle d'un succès total. Peu importe si l'ex-président s'est excusé pour des actes que les deux femmes n'ont peut-être même pas commis. Ces gestes sont d'usage en cas de prise d'otage et n'engagent à rien. Sur le plan politique cependant, Washington doit maintenant limiter les dégâts. Car il est difficile d'imaginer que la question de l'armement nucléaire n'ait joué ici aucun rôle, s'agissant du mari de la secrétaire d'Etat américaine. Et si c'est le cas, les Etats-Unis ont donné à la Corée du Nord ce qu'elle voulait, c'est-à-dire être considérée comme puissance nucléaire et mener des discussions bilatérales avec Washington en tant que telle. Or, c'est précisément ce qu'il faudrait éviter.