Je te tiens, tu me tiens...
19 janvier 2011Politique nationale d'abord avec la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Dans son projet de budget rectificatif pour 2010 qui prévoyait un endettement plus de deux fois supérieur au montant autorisé, Hannelore Kraft, la ministre-présidente de Rhénanie-du Nord-Westphalie, n'a pas cru à la menace lancée par son opposition chrétienne-démocrate de recourir au tribunal constitutionnel de la région. L'arrêt d'hier prononcé en référé stoppe d'un seul coup la politique d'un gouvernement en fonctions en lui interdisant de souscrire des emprunts au motif que son budget est contraire à la constitution du Land. C'est une première.
Les Chrétiens-démocrates et les Libéraux devraient se réjouir, analyse la Süddeutsche Zeitung. Une opposition sûre d'elle ne manquerait pas cette occasion de réclamer de nouvelles élections et de reprendre le pouvoir. Seulement voilà : la CDU et le FDP n'osent pas. Ils ont obtenu une victoire sans savoir comment l'utiliser. Leur popularité dans les sondages est si misérable qu'ils craignent le verdict des électeurs comme le Diable l'eau bénite. Ils auraient peut-être dû y réfléchir à deux fois avant de se lancer dans l'aventure.
Qu'on ne s'y trompe pas, lance la Frankfurter Rundschau de son côté. Parfois, une défaite se transforme en victoire. On l'a bien vu lorsque Hannelore Kraft a réussi à asseoir sa coalition sur le parti de la gauche radicale sans accorder malgré tout trop d'influence à ce dernier. Après ce tour de force, on peut donc s'attendre à ce que la chef du gouvernement de Düsseldorf sache retourner en sa faveur le jugement d'hier. En demandant par exemple par référendum aux citoyens de choisir entre plus de dettes ou la faillite de leurs communes. Sa coalition pourrait alors parfaitement en ressortir renforcée.
Sommet Barack - Hu Jintao
En politique internationale cette fois, die Welt analyse le sommet bilatéral sino-américain qui commence officiellement aujourd'hui. La rencontre de Barack Obama et de Hu Jintao n'est pas seulement celle de deux puissances, c'est aussi celle de deux cultures, de deux rivaux qui savent pertinemment qu'ils dépendent l'un de l'autre. Si Washington reproche à Pékin de dévaluer artificiellement sa monnaie par rapport au dollar et à l'euro, ce sont pourtant les Chinois qui financent grassement depuis deux décennies la consommation de masse des Américains grâce à leurs exportations à bas prix et à l'achat systématique des obligations d'État émises par les USA.
Auteur : Christophe Lascombes
Édition : Konstanze von Kotze