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"J'ai été vendu pour 1.000 euros"

Julien Adayé
21 novembre 2017

Après l'explosion du scandale des ventes d'esclaves en Libye, 155 personnes sont rentrées en Côte d'Ivoire lundi soir. Elles racontent leur cauchemar.

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Libyen Tripolis Flüchtlingslager Sika road
Image : DW/Maryline Dumas

CIV Sklaverei Info Matin - MP3-Stereo

89 femmes, 12 enfants et 54 hommes. Ces 155 personnes sont rentrées ce lundi soir à Abidjan, directement depuis la Libye. Une conséquence directe du scandale de la vente d'esclaves.

Beaucoup de ces rapatriés étaient jusque là dans des centres à Zouara, dans l'Ouest de la Libye, et avaient déboursé entre 1.500 et 3.000 euros par personne pour ce voyage dans le désert. Pendant leur séjour, ils ont vécu un calvaire qu'ils ont raconté à leur arrivée l'aéroport d'Abidjan.

"J'ai été vendu pour 1.000 euros". À sa descente d'avion, Sonia Koré, 34 ans et mère de trois enfants est l'une des 155 personnes rentrées de Libye ce lundi soir par vol spécial à l'aéroport international Felix Houphouët Boigny d'Abidjan.

Ces migrants ivoiriens sont sans bagages et sans documents administratifs. Fatou, un autre migrant, et Sonia ne s'étaient jamais rencontrées auparavant ni en Libye ni en Côte d'Ivoire. Elles se sont seulement retrouvées lors de leur rapatriement. Pourtant, elles ont toutes deux, vécues presque la même histoire.

"On te vend de prison en prison"

"Quand tu es en Libye, on te vend de prison en prison", raconte Sonia. "Quand on te paye aujourd'hui, l'arabe vient te chercher et te mettre dans le coffre de sa voiture", explique-t-elle. "Il peut faire un autre business avec un autre arabe, tu n'arrives à destination, l'autre te vend. À des prix que tu ignores."

Toutes les deux évoquent leur difficulté à raconter ce calvaire. "On nous frappe. On ne trouve pas souvent à manger. Et puis on est là. On viole les femmes. C'est Dieu qui fait qu'on est de retour." 

Elfenbeinküste Migranten kommen aus Libyen zurück
Retour de migrants ivoiriens à Abidjan le 20 novembreImage : DW/J. Adayé

En plus d'avoir été vendu comme esclave, Yaya Coulibaly, 40 ans, a connu des atrocités - coups, viol et brûlures corporelles.

C'est avec donc un corps recouvert de blessures et un visage tuméfié qu'il revient chez lui, le cœur chargé. "Ce n'est pas du tout facile. J'ai été blessé. Mais on ne pas tout expliquer. Dieu seul est témoin de ce que j'ai vécu. J'ai été aussi vendu comme esclave en compagnie de plusieurs filles qui sont décédées suites aux nombreuses agressions sexuelles et sans soins", raconte-t-il avant son évacuation par le Samu. 

Maltraitances quotidiennes

Mohamed Samaké a lui 17 ans. Malgré son jeune âge, il n'a pas échappé à ces pratiques d'un autre genre. Il garde lui aussi, un triste souvenir de ses quatre mois passés en Libye.

"Là-bas, on nous maltraite, ils ne sont pas prêts pour les étrangers. Ils aiment kidnapper, les vendre ou les mettre en prison. Tu travailles pour eux, ils ne te paient pas, on te frappe", raconte Mohamed. Et de montrer sa main. "C'est chicotte qui a fait ça."

Ce rapatriement volontaire intervient quelques jours seulement après un reportage de CNN sur le commerce d'êtres humains en Libye et qui a provoqué une vague d'indignation internationale. Mercredi prochain, un autre rapatriement d'environ 250 personnes est annoncé à Abidjan.