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Irak: nouveau réalisme américain?

Yann Durand21 décembre 2006

"Il va falloir faire des choix difficiles et des sacrifices supplémentaires". C’est entre autre ce qu’a déclaré mercredi Georges Bush lors d’une conférence de presse sur la politique américaine en Irak. Il a en outre reconnu les revers subis cette année et promis qu’une mission spécifique de lutte contre la violence encadrerait tout renforcement de la présence militaire américaine. Un éventuel investissement supplémentaire en hommes, abondamment commenté par la presse allemande aujourd’hui.

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Le conflit s'enlise et les marines fatiguent
Le conflit s'enlise et les marines fatiguentImage : picture-alliance/dpa

Selon Washington, seule la formation d’un noyau dur alliant chiites, sunnites et kurdes, en scission avec leur ailes radicales, peut sauver l’Irak. La Frankfurter Rundschau atteste à Georges Bush la volonté de réaliser ce tour de force. Il souhaite toujours gagner la guerre, même si le mot "victoire" a été banni du vocabulaire définissant les objectifs terminaux. Il est vrai, rappelle le journal, que le bilan de son mandat présidentiel en dépend. Et avant que les Etats-Unis ne suivent les recommandations de la commission Baker et se retirent d’Irak, Bush aimerait, en 2007, renverser la situation.

Cependant l’armée américaine, actuellement forte de 500 000 soldats, a un contingent trop restreint. C’est ce qu’affirme la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Compte tenu du nombre de missions engagées à travers le monde, les forces US ne peuvent supporter un conflit de longue haleine sans répercussions sur les organismes. Bush veut apparemment augmenter les effectifs de plusieurs dizaines de milliers d’hommes. Et certains analystes militaires estiment même les Etats-Unis incapables de relever les défis d’un monde global, sans le retour à la conscription.

Effectivement les objectifs stratégiques des USA sont réalisables avec seulement un apport supplémentaire en hommes, confirme la Süddeutsche Zeitung. Mais est-ce vraiment un signe du nouveau réalisme de la Maison Blanche lorsque le président parle de l’envoi "expéditif", de 30 000 soldats en Irak ? s’interroge le journal, sachant que les généraux doutent de l’efficacité de cette mesure. Faut-il voir un changement de cap de la politique washingtonienne, alors que Bush envisage de demander 100 milliards de dollars pour la guerre, en plus des 70 déjà accordés par le congrès ? Dans ce cas, conclut le journal, l’Irak serait plus cher que la guerre du Vietnam dans son ensemble.

Pour les sceptiques il était clair depuis le départ que la restauration d’une nation n’est pas le point fort des Etats-Unis rappelle la Tageszeitung de Berlin. Au regard de leur échec, ils misent à présent sur un processus de paix conduit par la communauté internationale. Ce serait une solution difficile et risquée mais pas totalement vaine, avance le quotidien ; a condition cependant que les USA renoncent définitivement à leurs velléités hégémoniques dans la région. Ce qui suppose une date précise pour le retrait de ses troupes d’Irak.