Interprétations divergentes
2 septembre 2009La cérémonie de Gdanks n'a pas su réconcilier les points de vue, commente la Frankfurter Rundschau : Angela Merkel sait qui a commencé la guerre il y a 70 ans et elle le dit, tout en évoquant l'épineux sujet de l'exil forcé des Allemands. Lech Kaczynski, le président polonais, estime que son pays a reçu un coup mortel lors de l'invasion russe le 17 septembre 1939. Quant à Vladimir Poutine, il concède quelques crimes du dictateur Staline mais juge la stratégie russe fondamentalement juste. Trois orateurs, trois regards différents.
Pour Die Welt, Vladimir Poutine a eu au moins la décence de condamner le pacte entre Staline et Hitler et le meurtre de 15.000 officiers polonais par les Soviétiques. Mais le "nouveau pragmatisme" qu'il réclame pour les relations entre la Pologne et la Russie ne pourra exister que lorsque les dirigeants russes reconnaîtront enfin l'étendue des crimes commis par l'Union soviétique et sa complicité avec Hitler.
On n'attendait pas de la part de Vladimir Poutine qu'il s'agenouille lors de cette visite commémorative du début de la Seconde Guerre mondiale, note la tageszeitung. Moscou défend avec ferveur sa propre interprétation de cette guerre, qui dans les livres d'histoire russes commence officiellement avec l'invasion de l'Union soviétique par Hitler en 1941. Dans ces livres, le découpage de l'Europe de l'Est par Hitler et Staline n'a jamais eu lieu. Néanmoins, la taz estime que la visite de Vladimir Poutine et le ton plutôt modéré de son allocution pourraient représenter une petite lueur d'espoir de voir avancer le débat historique en Russie.
La Frankfurter Allgemeine Zeitung estime que la chancelière allemande a bien fait de ne pas s'immiscer dans le débat entre la Pologne et la Russie. C'est seulement parce qu'elle a reconnu sans équivoque les crimes commis par l'Allemagne nazie et rendu hommage aux victimes polonaises que ses paroles concernant les déplacés allemands ont pu être interprétées comme des paroles de réconciliation.
La Berliner Zeitung, au contraire, juge inconvenant qu'Angela Merkel ait évoqué cette question hautement sensible entre la Pologne et l'Allemagne. Et pour le journal, ce n'est pas un manque de conscience historique qui a poussé la chancelière à le faire, mais tout simplement la campagne des élections législatives en Allemagne. Les déplacés constituent un électorat important pour la CDU. Les carresser dans le sens du poil est donc une obligation pour une chancelière conservatrice qui vise sa réélection.