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Intensifier la lutte contre Ebola, une urgence

Philippe Pognan17 octobre 2014

La lutte contre l'épidémie de fièvre d'Ebola reste l'un des thèmes les plus commentés dans ce tour d'horizon des journaux allemands de la semaine sur l'actualité africaine.

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L'objectif de l'ONU est d'isoler au au moins 70% de toutes les personnes contaminées
L'objectif de l'ONU est d'isoler au au moins 70% de toutes les personnes contaminéesImage : Getty Images/John Moore

La Frankfurter Allgemeine Zeitung rappelle l'avertissement des Nations unies et de l'OMS. Selon elles l'épidémie menace de se propager de manière exponentielle, avec 5.000 à 10.000 nouveaux cas par semaine d'ici début décembre. Les pays déjà les plus touchés, le Liberia, la Guinée et la Sierra Leone, sont les plus menacés si le virus n'est pas enfin combattu efficacement et de manière massive.

L'Afrique de l'Ouest, relève le journal, manque toujours cruellement de lits, de personnels et de services hospitaliers spécialisés pour juguler l'épidémie. La FAZ se demande comment les Nations unies veulent réaliser leur ambitieux programme "70-70-60". A savoir isoler au moins 70% de toutes les personnes contaminées, rendre "sûrs" 70% de tous les enterrements de personnes mortes d'Ebola, et tout cela en l'espace de 60 jours, c'est-à-dire d'ici à début décembre.

Die tageszeitung rappelle que plus de la moitié du nombre de victimes de l'épidémie actuelle en Afrique de l'Ouest ont été enregistrées au Liberia. La présidente Ellen Johnson-Sirleaf se heurte à bien des difficultés dans la lutte contre la maladie, relève la taz. Et afin d'améliorer la coordination de cette lutte, elle veut concentrer autant de pouvoir que possible dans ses mains. Depuis le 6 août dernier, l‘état d'urgence est décrété en raison de la fièvre hémorragique. Toutefois un tel état d'urgence doit être renouvelé par le Parlement après un délai de 90 jours. Ce délai est dépassé depuis longtemps, mais l'état d'urgence vaut toujours de l'avis du gouvernement.

La situation est loin d'être maîtrisée au Liberia
La situation est loin d'être maîtrisée au LiberiaImage : picture-alliance/dpa/ Benoit Matsha-Carpentier

En août, la chef de l'Etat avait reçu de manière générale le droit de refuser à la population l'exercice de "certains droits". Entretemps le gouvernement a établi une liste plus précise qui inclut la suspension de quasiment tous les droits fondamentaux, y compris la liberté d'opinion, la liberté de circulation ou le droit à la propriété.

Redemption Hospital in Monrovia
"Redemption Hospital" Monrovia,LiberiaImage : picture-alliance/dpa

Définir plus clairement l‘état d'urgence


Ces mesures sont contestées et un groupe de juristes a déjà déposé une plainte devant la Cour Suprême, rapporte la taz. Mais reste à savoir quand les juges pourront s'occuper de l'affaire, car la belle-mère du chauffeur du président du tribunal est morte d'Ebola. Peu après, la femme est également morte, et le chauffeur est mis en quarantaine. Quant au président du tribunal, Francis Korkpor, il doit inlassablement démentir être lui-même atteint du virus. La même chose vaut d'ailleurs pour le président du Parlement, Alex Tyler, dont la sœur a été hospitalisée il y a quelques jours après avoir présenté des symptômes d'Ebola. Les dissensions politiques sur la manière de lutter contre Ebola se déroulent donc sur fond d'une propagation de plus en plus rapide de l'épidémie. Selon la taz, tout cela ne peut qu'alimenter les inquiétudes au sujet de la stabilité du pays.

Liberia Ebola ländliche Gebiete
Village de Banjol, LiberiaImage : Dominique Faget/AFP/Getty Images

Les fossés politiques et sociaux se creusent au Libéria, relève l'éditorialiste. Le système sanitaire est prêt de s'effondrer et la confiance dans les institutions diminue de jour en jour. Entre temps, de premiers cas d'Ebola ont été diagnostiqués dans les forces armées du Liberia, alors que c'est à elles que revient le rôle le plus important d'imposer les mesures de contrôle et de quarantaine, surtout dans les zones rurales. Et même la mission de l'ONU au Liberia, l'UNMIL, déplore deux morts d'Ebola dans ses rangs – dont un Soudanais décédé mardi à Leipzig dans l'est de l'Allemagne, où il avait été transféré pour y être hospitalisé. Il n'y a plus aucune institution dans le pays qui ne soit pas touchée par Ebola, constate la taz.

Elections présidentielle et législatives au Mozambique

Filipe Nyusi, le candidat du FRELIMO, le parti au pouvoir, est le candidat qui a le plus de chances de succéder au président sortant Armando Guebuza. Après deux mandats, le Président Guebuza ne pouvait pas, selon la Constitution, se représenter. Ce qui paraît aller de soi est pourtant remarquable face à la situation politique actuelle dans le pays, souligne la Süddeutsche Zeitung. Guebuza organise des élections et se retire de son plein gré de la tête de l'Etat, alors qu'il y a quelques mois encore, il semblait que la guerre allait revenir au Mozambique. Le parti d'opposition de droite la RENAMO, adversaire du FRELIMO pendant une guerre civile de plus de 15 ans et plus tard dans le monde politique, avait repris les armes près de 20 ans après l'accord de paix de 1992. Le chef de la RENAMO, Afonso Dhlakama avait justifié cela par le fait que selon lui le gouvernement ne mettait pas en application cet accord de paix. Son principal reproche concret : la composition des forces armées qui contrairement à ce qui avait été fixé ne correspondrait pas à 50% de combattants du FRELIMO et 50% de la RENAMO. En outre, le système électoral mozambicain favoriserait le parti au pouvoir. C'est pourquoi un groupe de combattants armés de la RENAMO menant des actions de guerilla a fait ressurgir la peur d'une reprise de la guerre.

Filipe Nyusi est le candidat du FRELIMO
Filipe Nyusi est le candidat du FRELIMOImage : Reuters/Grant Lee Neuenburg

La Süddeutsche Zeitung rappelle que ce n'est que quelques semaines avant les élections que FRELIMO et RENAMO ont signé un nouvel accord de paix. Le journal souligne que le fait que conformément aux règles démocratiques, dans une telle situation, le président Guebuza quitte le pouvoir, est une quasi exception en Afrique. Comme nombre de ses collègues, il aurait fort bien pu repousser les élections et continuer de diriger le pays. Que Guebuza s'en tienne à la Constitution est un bon signe dans un pays dirigé depuis son indépendance du Portugal en 1975 par un seul et même parti, souligne encore le journal. Cependant la Süddeutsche Zeitung relève aussi que nombre d'observateurs avertissent du risque que la RENAMO ne reprenne la voie de la lutte armée, au cas où ses dirigeants seraient insatisafaits des résultats officiels du scrutin présidentiel et du degré de transparence du dépouillement.

Le président sortant Armando Guebuza ne pouvait pas, se représenter selon la Constitution
Le président sortant Armando Guebuza ne pouvait pas, se représenter selon la ConstitutionImage : picture-alliance/dpa/Antonio Silva

La Berliner Zeitung rappelle que ce n'est que dans deux semaines que les résultats définitifs des élections au Mozambique seront connus. Et si aucun des partis n'obtient d'emblée la majorité absolue – ce que pourrait éventuellement obtenir seulement le parti au pouvoir, le FRELIMO – il y aurait alors un second tour : une éventualité que redoutent aussi bien les Mozambicains que les responsables politiques des Etats voisins, assure la Berliner Zeitung.