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Ici, on parle allemand!

Philippe Pognan8 décembre 2014

La CSU, parti membre de la coalition au pouvoir à Berlin propose qu'à l'avenir, les étrangers résidant en Allemagne soient contraints à parler allemand, dans l'espace public comme en privé à la maison.

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Symbolbild zum Thema Deutschpflicht CSU
Cours d'allemand pour étrangers "Servus" (Salut en bavarois)Image : picture-alliance/dpa/David Ebener

Ce lundi, une idée du parti CSU (Union chrétienne sociale) dont le fief est en Bavière dans le Sud de l'Allemagne,a provoqué un tollé et fait couler beaucoup d'encre. Cette idée tombe à quelques jours du congrès du parti prévu en fin de semaine à Nuremberg. La mesure est envisagée pour faciliter dit-on, l'intégration des étrangers.

Deutschland Karneval der Kulturen Berlin Bayerische Trachten
Carnaval des cultures à Berlin. Des étrangers en tenue bavaroise traditionnelleImage : imago

Les Bavarois devront- ils aussi parler l'allemand?

De nombreux journaux relèvent l'humour –involontaire- de cette proposition du parti bavarois. Car, le plus souvent les Bavarois, politiciens y compris, parlent eux-mêmes un dialecte si rocailleux et difficile à comprendre par le reste de l'Allemagne, qu'à la télévision, leurs propos doivent souvent être traduits ! La taz, la tageszeitung de Berlin consacre la moitié de sa Une à un dessin de style de bande dessinée. On y voit une famille nombreuse, à la peau basanée regarder la télévision ; dans une bulle, le père de famille fait un commentaire en allemand plus ou moins correct. Un policier allemand en uniforme, debout à côté du poste, le corrige en un allemand encore plus faux !

Migranten bei der Polizei
Jeune policier allemand d'origine turqueImage : picture-alliance/dpa/Holger Hollemann

Commentaire amusé aussi de la Stuttgarter Zeitung :
"Une obligation de parler allemand entre ses quatre murs, ce serait vraiment trop exiger des Bavarois, même des plus fidèles partisans de la CSU ! »

La proposition faite ce week-end par les chrétiens-sociaux de la CSU a provoqué des commentaires amusés mais aussi critiques.

Discrimination, idée ridicule...

C'est ce dont parlent de nombreux journaux. Le quotidien Volksstimme de Magdebourg, par exemple, résume: "On ne peut guère se montrer plus irréaliste et borné au 21ème siècle ! Encore plus, dans un pays de 80 millions d'habitants qui manque de personnel qualifié et qui cherche à embaucher des spécialistes du monde entier afin d'assurer l'avenir de son économie ! "

Le journal Lausitzer Rundschau : "Une exigence non seulement populiste, mais gaga ! " Selon l'éditorialiste de la FAZ, la Frankfurter Allgemeine Zeitung de Francfor, on ne peut pas prendre au sérieux une telle proposition pour favoriser l‘intégration. Pour la CSU, il s'agit bien plus de pêcher des voix dans les eaux de l'extrême droite. Par ailleurs, le journal souligne aussi que dans de nombreuses familles immigrées, on parle justement allemand, ou plutôt on le baragouine avec toutes les erreurs et les fautes de grammaire et d'accent que cela implique. Cela complique au lieu de simplifier l'apprentissage de la langue allemande par les enfants. Aussi, pour le journal, la tâche d'enseigner correctement l'allemand aux enfants dès le plus jeune âge incombe à l'Etat et à ses établissements scolaires. Quant à leurs parents, ils doivent pouvoir recevoir des cours de langue pour adultes dans des établissements spécialisés, l'éducation est une tâche publique, conclut le journal .

Autre sujet dans les pages internationales: l'Ukraine.

De nouvelles négociations de paix entre rebelles pro-russes et représentants de Kiev devraient débuter cette semaine à Minsk la capitale bélarusse, pour tenter de mettre fin au conflit dans l'est du pays.

Putin Rede an die Nation 04.12.2014
Le discours de Vladimir Poutine a différentes teneurs selon les partenaires auxquels il s'adresseImage : picture-alliance/dpa/Sergei Ilnitsky

La Frankfurter Allgemeine Zeitung critique le rôle de la Russie : Moscou présente plusieurs versions du conflit dans l'Est de l‘Ukraine, constate l'éditorialiste. Pour le public russe, la maxime lancée au printemps par le président russe vaut toujours : "Nous n'abandonnerons pas nos compatriotes dans l'est ukrainien ! " Sur le parquet diplomatique, Moscou s'en tient par contre à la position selon laquelle la Russie ne serait aucunement impliquée dans ce conflit … Pourtant, souligne la FAZ, c'est justement l'ingérence de la Russie qui a abouti à la guerre en Ukraine qui a fait plus de 4.300 morts en huit mois.