Hollande à l'Élysée et la Françafrique... aux oubliettes ?
7 mai 2012Parmi les rares déclarations qu’il a faites sur la question, François Hollande a dit vouloir en finir avec la "Françafrique", toujours à l’œuvre selon lui. Plus de diplomatie parallèle et davantage de coopération avec l’Union africaine ou les instances régionales telles que la Cédéao. Jean-François Bayard, directeur de recherche au CNRS, s’attend à une nette inflexion :« Un discours de Dakar est inimaginable dans bouche de François Hollande. Je pense que même s'il a une vision simpliste de l'immigration, il y aura certainement beaucoup plus d'humanité, de sensibilité et de concertation et moins de bras de fer. Il y aura certainement une beaucoup plus grande réticence à recourir à l'arme militaire que chez un Nicolas Sarkozy. »
Fausse rupture ?
Certains observateurs, toutefois, récusent l’idée de rupture, estimant que la "Françafrique" appartient déjà presque au passé ou bien que cette promesse, déjà faite par Nicolas Sarkozy et bien d’autres politiques, est une coquille vide. Quant à la distance de François Hollande sur les questions africaines, bienvenue pour certains, elle peut aussi révéler du désintérêt, selon Jean-François Bayard :
« Ce qui est à craindre c'est qu'il manque d'imagination et qu'il manque peut-être de motivation pour véritablement s'investir dans la relation franco-africaine. Sauf erreur de ma part, il connaît mal l'Afrique. Je ne crois pas qu'il ait une fibre africaine particulièrement développée. »
L'importance des conseillers
Pourtant les dossiers à gérer ne manquent pas : embrasement du Sahel, pays arabes en pleine mutation et grands absents de la campagne… La politique africaine sous François Hollande dépendra donc largement des personnes dont il va s’entourer, quelques noms circulent déjà :
« On peut penser que François Hollande aura dans son vivier d'experts des gens qui eux comprennent mieux la complexité du sujet, estime le politologue du CNRS. Je pense par exemple à un homme comme Patrick Weil qui était membre du cabinet de Jean-Pierre Chevènement. Après bien sûr, beaucoup dépendra des personnes clés qu'il nommera à l'Élysée. Y aura-t-il un Monsieur Afrique, y aura-t-il ce qu'on appelle la "cellule africaine" ? Tout dépendra ensuite du ministre des Affaires étrangères, d'un éventuel ministre de la Coopération. »
Autres bonnes intentions énoncées par François Hollande : la solidarité (il a annoncé des Assises sur le sujet et le rétablissement du Haut conseil de la coopération internationale) et la transparence des activités des multinationales. Au Maghreb enfin, certains attendent de lui qu’il relance le projet d’Union pour la méditerranée, avec cette fois peut-être une plus grande place laissée à l’Allemagne.
Ecoutez ci-dessous un extrait de notre édition de midi (temps universel), et un autre de notre journal de 17h (temps universel) dans lesquels sont compilées quelques réactions venues d'Afrique francophone à l'élection de François Hollande. Parmi ces réactions, celles de Mahamadou Issoufou, président du Niger, ou d'Aminata Traoré, coordinatrice du Forum pour un autre Mali, à Bamako.
Auteur : Anne-Julie Martin (correspondante à Paris)
Édition : Cécile Leclerc