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Heiligendamm à l'ombre des barbelés

Anne Le Touzé31 mai 2007

Le sommet du G8, qui se déroulera la semaine prochaine dans la station balnéaire allemande de Heiligendamm, au bord de la mer Baltique, continue de faire couler de l’encre dans la presse allemande. Il est question aujourd’hui de la barrière de sécurité, qui a été fermée hier, ainsi que des accrochages prévisibles entre l’Allemagne et les Etats-Unis sur les questions de climat.

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Les barbelés de Heiligendamm éveillent des souvenirs chez certains Allemands... et à l'étranger?
Les barbelés de Heiligendamm éveillent des souvenirs chez certains Allemands... et à l'étranger?Image : AP

Pour les personnes sensibles, écrit la Westdeutsche Allgemeine Zeitung, les barbelés de Heiligendamm rappelleront la RDA ou les camps de concentration. On peut s’étonner, alors, que des responsables politiques qui connaissent le pouvoir des images cautionnent que de telles images en provenance d’Allemagne fassent le tour du monde. A quel point l’image de cette barrière risque-t-elle d’endommager celle émise par l’Allemagne en 2006, avec ses amateurs de football fêtards, décontractés et gentiment patriotes ?

Pour la Thüringer Zeitung de Erfurt, on parlera encore de la plus grande intervention policière jamais organisée dans l’histoire de la Bundesrepublik, lorsque le résultat de ce sommet sera depuis longtemps passé aux oubliettes. Car les hôtes allemands, explique le journal, déploient un dispositif de sécurité tellement exagéré que des tribunaux ont déjà dû mettre le holà et rappeler que les manifestants aussi ont des droits.

La Landeszeitung de Lüneburg estime qu’un pays doté d’une démocratie exemplaire dévoile sa face hideuse en cachant ses manifestants. La protection des puissants est liée à un besoin de sécurité qui reflète bien à quel point certains représentants du peuple sont éloignés de la réalité. Tant que le président américain Bush se montrera hermétique au changement climatique, ce sommet n’aura aucune chance d’aboutir.

Pour Die Welt, on ne peut pas tout exiger de George Bush. Le président américain comprend bien qu’une percée sur le climat signifierait une victoire pour la chancelière allemande sur le terrain politique interne. Mais lui-même est en pleine épreuve de force avec son propre parti sur des questions qui lui semblent plus urgentes.

La Berliner Zeitung estime qu’il serait inopportun de faire échouer le sommet de Heiligendamm en fustigeant l’attitude inadmissible de l’administration Bush. En tant que plus gros pollueurs du monde, les Américains sont trop importants pour la protection climatique et les mouvements écologistes sont encore trop fragiles aux Etats-Unis. Au lieu de cela, les pays engagés devraient continuer à donner l’exemple. Si Angela Merkel réussit à montrer chez elle que la protection du climat n’est pas une simple question rhétorique, cela finira par impressionner les Américains. Et si ce n’est pas George Bush, conclut le journal, ce sera son successeur.

La caricature du Tagesspiegel montre la fameuse barrière de Heiligendamm. George Bush est à l’intérieur, Angela Merkel du côté des protestataires. Elle brandit une pancarte « Pour plus de protection climatique ! ! ». Le président américain, désabusé, répond : « Mon Dieu, Angie, tu ne vas pas t’y mettre ! ? ! »