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Haïti, 100 jours après le séisme

20 avril 2010

Le 12 janvier dernier, un séisme dévastait la capitale Port-au-Prince, ainsi qu'une grande partie du sud du pays, tuant au moins 200.000 personnes. 100 jours plus tard, on est encore loin de la reconstruction.

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Des bulldozers commencent à démolir le palais présidentielImage : AP

La Croix Rouge haïtienne a installé un point d'eau sur l'ancien aéroport militaire de Port-au-Prince. Enfants, hommes et femmes pataugent dans le caniveau pour se laver. Dans ce camp provisoire qui accueille des milliers de sans-abris, la pudeur n'a pas sa place. A perte de vue, des cabanes de fortune et des bâches en plastique fournies par l'aide internationale, mais aucune tente ni latrine. Des femmes en colère s'arrachent le micro du reporter allemand :

"Blanc, pourquoi n'y a-t-il que de l'eau et rien d'autre ici ? Nous avons faim et nous sommes livrés à nous-mêmes."

Dans cette détresse, au milieu des déchets, les sinistrés se sentent abandonnés. La journée, le soleil est écrasant. Le soir, des averses violentes inondent tout, annonçant la saison des pluies. Le camp situé sur l'ancien aéroport militaire est le plus mal loti de tous les camps d'urgence installés après le séisme. A d'autres endroits, la vie s'organise bon gré mal gré. Selon les Nations Unies, 74% du million de sans-abris ont désormais un hébergement. Sur la liste des priorités figurent des emplois, des écoles et des abris en dur. L'aide d'urgence est censée peu à peu disparaître, sauf pour les plus démunis. Michael Kühn, de l'organisation Agro-action allemande, dresse un bilan de mi-parcours :

"Les destructions sont trop immenses, le traumatisme de la population trop grand pour pouvoir tirer un bilan positif. Cela dit, l'aide humanitaire fournie par les organisations internationales est arrivée très vite comparé au cauchemar logistique que cela représente ici à Port-au-Prince. Evidemment cela ne suffit pas. Le plus important actuellement, c'est de reconstruire des abris en dur aussi vite que possible. Mais cela risque de durer encore un à deux ans."

Nach Erdbeben in Haiti - Notunterkünfte in Behelfszelten
Un camp de fortune à Port-au-PrinceImage : picture-alliance/ dpa

Argent contre travail

Avec le programme "argent contre travail", les organisations comme l'Agro-action allemande font d'une pierre deux coups : elles paient un salaire minimum aux Haïtiens, un peu plus de quatre euros par jour, pour déblayer des gravats. Cela prépare le terrain à la reconstruction et en même temps donne un peu de pouvoir d'achat à la population. Reginald Burgos, président de la Chambre de commerce et d'industrie, souhaite un nouveau départ pour son pays :

"Il nous faut des dirigeants et il nous faut un plan. Je vois le séisme comme une occasion de repartir à zéro. La vieille partie est terminée et l'arbitre siffle le début d'une nouvelle."

En attendant, les Haïtiens continuent de déblayer les gravats. Depuis quelques jours, des bulldozers se sont attaqués au Palais présidentiel - une image symbolique : c'est la fierté d'une nation qu'on est en train de broyer.