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Grands Lacs - Bénin

Marie-Ange Pioerron26 mars 2004

Tour d'horizon de l'Afrique vue par la presse allemande

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Image : AP

Nous commençons par la région des Grands Lacs. Une région dans laquelle des milliers de jeunes combattants et de miliciens attendent leur démobilisation et leur intégration dans la société civile, écrit la Tageszeitung de Berlin. Le processus piétine. Il est particulièrement compliqué dans les pays où personne n’a gagné la guerre, mais où les belligérants, sous la pression internationale, se retrouvent dans un gouvernement d’union. Le journal cite le cas du Burundi et surtout celui de la République démocratique du Congo. Au Rwanda en revanche les choses avancent bien. Le camp de démobilisation de Mutobo, près de Ruhengeri, passe pour un modèle du genre, souligne le journal. Il ressemble plus à un camp de vacances qu’à une prison. 698 ex-combattants vivent actuellement à Mutobo – des miliciens qui, au Congo, se sont rendus à l’ONU, puis se sont laissé désarmer et rapatrier au Rwanda. Leur séjour à Mutobo est volontaire, ils peuvent partir à tout moment. 4000 hommes sont déjà passés par ce camp. Certes ce n‘est pas beaucoup, note le journal, le gouvernement rwandais parle de 53 000 miliciens rwandais au Congo, l’ONU de 12 000. Mais il n’y a rien de comparable dans la région. A l’approche du 10ème anniversaire du génocide au Rwanda la Süddeutsche Zeitung titre sur le "laborieux chemin de la vérité". Entendez par là le laborieux fonctionnement des gaçaças, ces juridictions villageoises traditionnelles remises en vigueur pour juger des génocidaires présumés. Bien souvent les procès ne peuvent avoir lieu, écrit le journal. Car pour classifier tout d’abord un accusé, les 15 juges de la gaçaça doivent être présents. Or souvent ils ne viennent pas, parce qu’ils ne peuvent se payer le bus, parce que le bus ne roule pas ou parce qu’ils ne reçoivent aucun défraiement.

Afrique de l’ouest à présent puisque le même journal, la Süddeutsche Zeitung, donne un coup de projecteur sur les problèmes des petits planteurs de coton dans un pays comme le Bénin.

Nous sommes à Kotokpa, un village où le journal nous fait découvrir le désespoir d’un petit cotonnier, Robert Akpanon. Notre situation est terrible, dit-il. Les engrais sont de plus en plus chers, le coton rapporte de moins en moins. Il y a quelques années, rappelle le journal, le gouvernement américain a décidé de conquérir le marché mondial pour ses cotonniers. Chaque entreprise peut compter sur une subvention de 150 000 dollars par récolte. Dans le village de Robert Akpanon, sans électricité ni eau courante, tout tourne autour de la récolte de coton, souligne notre confrère. La chute des prix fait l’effet d’un tremblement de terre. La Banque mondiale et le gouvernement français ont autrefois poussé le Bénin, le Mali et le Burkina Faso à miser sur le coton. Ils l’ont fait. Aujourd’hui 15 millions d’Africains de l’ouest sont étranglés par le marché. Parmi les autres thèmes africains traités cette semaine dans la presse allemande je retiens aussi, à la une de la Frankfurter Rundschau la mort mystérieuse d’un Allemand en Guinée Equatoriale. Il figurait parmi les 15 mercenaires présumés arrêtés dans ce pays. Officiellement il est mort de paludisme, selon l’opposition équato-guinéenne, il a été torturé à mort. Une chose est sûre, écrit le journal: la prison de Black Beach, à l’extérieur de Malabo, là où Gerhard Eugen Merz a été incarcéré, est qualifiée d’enfer sur terre par les initiés. Enfin le président allemand Johannes Rau, on le sait, a annulé mercredi sa visite à Djibouti, pour cause de menace d’attentat contre sa personne. Et cela fait écrire à la Süddeutsche Zeitung que sur toute la côte est-africaine, de Djibouti à la Tanzanie, des organisations islamiques radicales se sont établies ces dernières années. Pour les Etats-Unis, ajoute le journal, Djibouti figure en tête des cibles potentielles. Des soldats français, britanniques, allemands et américains y sont stationnés dans le cadre de l’opération "Liberté immuable". Et malgré cette présence militaire massive, il est facile d’entrer dans le pays, les frontières ne pouvant pratiquement pas être contrôlées.