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Grèce : les politiciens, le clientélisme et la crise

13 février 2012

Lundi matin, le centre d'Athènes offrait un spectacle de désolation. Une cinquantaine de bâtiments ne sont plus que des ruines fumantes, les rues sont jonchées de débris de verres et de pierres.

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Un vieux cinéma en feu dans le centre d'AthènesImage : AP

Quelque 150 magasins ont été pillés au cours d'une nuit d'émeute. Des milliers de Grecs ont ainsi protesté contre les nouvelles mesures d'austérité finalement adoptées à l'issue de débats controversés par 199 des 300 élus du Parlement. Cette politique d'austérité est pourtant la condition sine qua non exigée par le Fonds monétaire international et l'Union européenne pour débloquer de nouveaux moyens financiers pour la Grèce et éviter la faillite du pays.

Méfiance croissante vis à vis de la classe politique

Si le Parlement a finalement pu trouver une majorité pour approuver le nouveau train de mesures, l'opinion publique semble de moins en moins faire confiance en leurs représentants politiques.

« Même en pleine chute, les politiciens grecs ne pensent qu'à leurs intérêts personnels », c'est là un commentaire du journal économique "Naftemporiki". Une opinion que partagent de nombreux médias en Grèce. De nombreux politiciens rendent la troïka - Union européenne, FMI et Banque centrale - responsable de l'aggravation de la situation économique et financière du pays. La troïka aurait torpillé l'économie grecque en exigeant depuis 2010 une augmentation des impôts.

Griechenland Athen Parlamentsgebäude
Le Parlement grecImage : picture-alliance/dpa

Mais selon de nombreux analystes économiques, le vrai problème est ailleurs : à savoir que le système politique grec est fondé sur le népotisme et la corruption, que la caste politique de droite ou de gauche, défend à tout prix ses privilèges et pille à volo le budget de l'État.

Une bureaucratie monstrueuse

Ce qui étrangle également l'économie grecque après deux années d'austérité, c'est une bureaucratie pléthorique et inefficace. C'est l'avis de Stelios Stavridis, vice-président du Forum des entrepreneurs grecs :

« Les coûts de la bureaucratie en Grèce s'élèvent à 14 milliards d'euros par an, soit le double de la moyenne de l'Union européenne. Si la Grèce se trouvait juste dans la moyenne européenne, le pays pourrait économiser sept milliards d'euro par an ! Mais jusqu'ici le législateur s'est avéré incapable de supprimer ce monstre de bureaucratie. Non seulement les citoyens en souffrent, mais aussi de nombreux fonctionnaires qui prennent leur travail au sérieux. »

De nombreux commentateurs politiques en Grèce estiment que les politiciens du pays ne veulent pas remettre en question le traditionnel système de clientélisme, sinon ils devraient se poser la question de leur propre légitimité.

C'est pourquoi il est d'autant plus important en cette période critique que le FMI et la Banque centrale, de même que les responsables de l'Union européenne et les Européens eux-mêmes, viennent en aide aux Grecs qui misent sur de vraies réformes et le travail, souligne le politologue Alexis Papachelas :

Griechenland / Papademos / Athen
Le Premier ministre grec Lucas PapademosImage : Reuters

« Il ne faut pas faire l'amalgame entre un système politique pourri et inadapté et un peuple grec qui, lui, travaille durement. Cela, les amis de la Grèce à l'étranger devraient aussi le savoir. Ils ne doivent pas rester figés dans leurs préjugés du Grec paresseux, ne pas caricaturer et précipiter tout un peuple dans l'abîme. C'est une faute grave, qui aura de lourdes conséquences. »

Quoi qu'il en soit, la loi votée par les députés grecs prévoit 3,3 milliards d'euros d'économies budgétaires grâce à de nouvelles baisses des salaires et des retraites et de nouvelles suppressions massives d'emplois dans la fonction publique. Ce vote des parlementaires à Athènes devrait ouvrir la voie au versement du nouveau plan d'aide de 130 milliards d'euros indispensable avant le 20 mars, date de la prochaine échéance d'une partie de la dette publique grecque.

Auteurs : Jannis Papadimitiou, Philippe Pognan
Édition : Cécile Leclerc