Géorgie : un rêve devient réalité
2 octobre 2012Concert de klaxons à Tbilissi, foule en liesse : plusieurs dizaines de milliers de partisans ont laissé éclater leur joie lundi soir dans les rues de la capitale géorgienne, peu après l'annonce de la victoire de leur parti, le « Rêve géorgien ». La foule agite des drapeaux et des fanions bleus, la couleur de la coalition menée par le milliardaire Bidzina Ivanichvili.
Sur la Place de la liberté dans le centre de Tbilissi, on aperçoit beaucoup de drapeaux de l'OTAN et de l'Union européenne, bleu aussi comme la couleur de l'opposition géorgienne. Serein au centre de la foule massée sur la place, le chef de l'opposition Bidzina Ivanichvili, déclare :
« Pour la première fois dans l'histoire de la Géorgie, le peuple a pu introduire un changement de pouvoir par des élections. Maintenant nous devons tous nous rapprocher, oublier tout ce qui s'est passé et construire une nouvelle Géorgie. »
Dans une déclaration sur la chaîne de télévision Channel 9, dont il est le propriétaire, il affirme que son "projet politique est très simple" et qu'une fois sa victoire officiellement confirmée, il espère que le Parlement l'adoubera comme Premier ministre.
Le président admet sa défaite
Démentant les craintes de nombreux Géorgiens, le président Mikheïl Saakachvili, depuis neuf ans au pouvoir, a entretemps reconnu sa défaite à ces élections législatives.
Saakachvili, porté à la tête de l'ancienne République soviétique par la révolution des roses de l'hiver 2003, a longtemps été très populaire. Mais le bref conflit armé qu'il a provoqué en août 2008 contre la Russie a porté atteinte à son image. Car le résultat de ce conflit a été de renforcer les séparatismes dans les provinces d'Abkhazie et en Ossétie du Sud, reconnues depuis comme entités indépendantes par Moscou et plusieurs autres capitales. Enfin une vidéo publiée deux semaines avant le scrutin et montrant des sévices infligés à des détenus dans une prison de Tbilissi a terni encore un peu plus son image de démocrate.
Le "système Saakachvili" et ses "dérives antidémocratiques"
Bidzina Ivanichvili, dont la fortune est estimée à plus de 6 milliards de dollars, près de la moitié du Produit intérieur brut de la Géorgie, n'avait cessé de critiquer tout au long de sa campagne ce qu'il appelle le "système Saakachvili" et ses dérives antidémocratiques.
Dénonçant de fortes tensions lors de la campagne électorale et des mesures restrictives contre des membres de l'opposition, les observateurs de l'OSCE, l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, ont toutefois déclaré que ces élections législatives en Géorgie ont été un "pas important" pour la démocratie.