Fuite et malheur en République centrafricaine
Depuis le coup d'État contre François Bozizé il y a un an, la situation en République centrafricaine échappe à tout contrôle. Ceux qui le peuvent prennent la fuite. Les autres se battent quotidiennement pour survivre.
Prisonniers dans l'aéroport
Depuis le coup d'État contre François Bozizé il y a un an, la situation échappe à tout contrôle en RCA. Des milices chrétiennes et musulmanes se livrent à des affrontements sanglants. Un million de personnes sont en fuite et presque tous les musulmans de Bangui ont quitté la capitale. Parmi ceux qui sont restés, quelques centaines ont trouvé refuge dans un vieux hangar à l'aéroport.
Tout perdu
Le mari de Jamal Ahmed venait tout juste de réunir suffisamment d'argent pour prendre la fuite lorsque des miliciens anti-balaka ont attaqué son village. Il a payé de sa vie. Depuis quelques semaines, Jamal Ahmed a trouvé refuge au camp de l'aéroport. "Je ne connais personne ici, je n'ai plus rien. Je ne sais pas ce que nous allons devenir."
Revoir ses petits-enfants
Âgée de 84 ans, Fatu Abduleiman est l'une des plus vieilles habitantes du camp de réfugiés. Au cours des dernières décennies, son pays a vécu beaucoup de moments difficiles. Mais cela n'a jamais été aussi grave qu'aujourd'hui, affirme la vieille dame. Sa seule consolation: ses enfants ont réussi à passer la frontière tchadienne. Son plus grand souhait: "revoir une fois encore mes petits-enfants".
Un quartier devenu fantôme
En dehors du camp de réfugiés, la quasi-totalité des musulmans ont quitté Bangui. Il y a encore quelques mois, le quartier PK5 était le cœur de la communauté musulmane. Plus de 100.000 personnes vivaient et travaillaient ici, à cinq kilomètres du centre de la capitale. Aujourd'hui, il ne reste plus que quelques centaines d'habitants. Les boutiques restent fermées jusqu'à nouvel ordre.
Attendre le bon moment
La majorité des musulmans restés au PK5 ne souhaitent qu'une seule chose : partir. Les camions destinés à l'exode sont prêts. Ils attendent le départ d'un convoi vers un pays voisin, le Cameroun ou le Tchad. Mais les troupes de l'Union africaine qui doivent protéger le convoi ne cessent de repousser la date du départ.
Une ville de camps de réfugiés
Il n'y a pas que les musulmans qui craignent pour leur vie. Partout à Bangui, on trouve des camps provisoires dans lesquels des chrétiens ou des animistes, majoritaires dans la population, ont trouvé refuge. Ils craignent un retour des milices composées essentiellement de musulmans, ou n'ont tout simplement plus rien à manger.
Des humanitaires débordés
Sur le terrain de son église, le pasteur David Bendima accueille plus de 40.000 personnes qui ont fui les combats dans le centre de Bangui. Mais il ne peut pas leur garantir suffisamment de sécurité. "Toutes les nuits, nous entendons des coups de feu et des explosions de grenades. Les gens ont vraiment peur", raconte le pasteur, dont la fatigue se lit sur le visage.
Dernières réserves
Chancella Damzousse, 16 ans, habite un village à une demi-heure de Bangui. Elle prépare le repas du soir. "Tout ce qui reste, ce sont quelques haricots et un peu de sésame", raconte la jeune fille. Le repas doit nourrir 15 personnes. Depuis que des miliciens ont détruit le village et tué de nombreux chrétiens il y a quelques mois, la famille de Chancella héberge plusieurs voisins.
Victime, bourreau, gardien
Juste à côté de la maison de Chancella, un garde anti-balaka explique que l'amulette qu'il porte le rend invincible. La milice chrétienne a pris le contrôle du secteur. Son rôle est de protéger les villageois d'attaques d'autres rebelles. Mais la protection ne s'adresse qu'aux chrétiens. Tous les musulmans ont quitté le village ou ont été tués.
Espoir de renforts
7000 soldats de l'Union africaine et de France sont censés assurer la sécurité dans un pays presque deux fois plus grand que l'Allemagne. L'État, paralysé, n'a plus d'armée en état de fonctionner. L'Union européenne négocie depuis plusieurs mois l'envoi de soldats supplémentaires, pour l'instant sans succès. La situation humanitaire empire de jour en jour.